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J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne

+ d'infos sur le texte de Jean-Luc Lagarce
mise en espace Dominique Terrier

: Présentation - Notes de mises en scène - ( Dominique TERRIER )

Notes de mises en scène


Le choix du texte J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne pour démarrer le chantier Lagarce, que nous avions élaborés et décidés avec une équipe constituée de longue date, fait suite à la Trilogie Tragique montée par la compagnie entre 1996 et 2000 autour de Polyeucte, martyr et Suréna de Corneille et Pour Phèdre de Per olov Enquist.


Durant ces années, où la compagnie se penchait sur le répertoire classique, le texte de Lagarce qui venait d’être édité à Théâtre Ouvert avait fait l’objet d’une attention toute particulière puisque les cinq personnages s’appuyaient sur les grands archétypes féminins de la tragédie grecque, tel que Lagarce lui-même les cite en référence dans le synopsis joint à l’œuvre (Clytemnestre, Antigone, la troyenne, Electre)


Ce texte, donc, nous semblait le passage idéal entre deux périodes de l’histoire de la compagnie. Nous savions également qu’il résultait d’une commande faite à Jean-Luc Lagarce pour les élèves du Conservatoire National et du Théâtre National de Strasbourg. Cette texture avait donc pour objet principal de donner matière au travail de comédien. Il est avant tout un espace de l’exercice et de la pratique, et pousse l’appréhension de la pièce dans cette direction.


Nous avons avant tout considéré les partitions et non pas les rôles, les cinq voix et non pas les personnages, cinq voix faisant une à travers le cri de Lagarce lui-même. C’est pourquoi nous n’avons pas attribué la mère, la plus vieille, l’aînée, la seconde et la plus jeune à l’image que l’on pouvait attendre dans la redistribution des âges et des fonctions, mais au contraire, j’ai choisi et composé un chœur de cinq femmes travaillant sur l’ensemble de ce texte, attendant patiemment que chacune se saisisse plus particulièrement d’une voix, d’une expression, d’une singularité propre au sujet. La distribution s’est faite plus par connivence et intimité que par décision rationnelle, esthétique ou même éthique.


Ce point de départ est déterminant, habillées à l’identique - ou presque - ces cinq femmes sont interchangeables, voire uniformes, tout au moins durant les premiers fragments que l’on appelle traditionnellement « exposition de la pièce ». Ce parti pris vient enrichir et exalter le thème central propre à l’ensemble de l’œuvre de Jean-Luc Lagarce : qu’en est-il de l’identité et de la relation intime à celle-ci ?
Ensuite, nous avons joués avec les comédiennes de croisements possibles, de superpositions, de dédoublements et autres combinaisons nous permettant de circuler à travers ces cinq âmes « toutes semblables et différentes » et ainsi de trouver notre passage et notre écriture à la fois abstraite et familière dans un théâtre toujours en mouvement, propre à l’évolution des interprétations, où l’ombre du masque neutre n’est pas si loin.


Aussi, très vite la sobriété scénographique nous est-elle apparue évidente, cinq tabourets comme cinq chambres, cinq maisons, cinq cœurs, etc. Cinq blouses comme cinq comédiennes dans un travail perpétuel, cinq paires de chaussures à talon pour suspendre les colonnes vertébrales et redonner à l’humilité, la transcendance de l’éternel féminin.


A noter que ce texte fait suite et s’inspire directement de Juste la fin du monde , et précède Le pays lointain, soit une sorte de trilogie voulue par Lagarce, une déclinaison autour du thème de la mort du frère et du fils.


Dominique TERRIER

Dominique TERRIER

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