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Je n'ai pas de toit qui m'abrite, et il pleut dans mes yeux...

mise en scène Florian Goetz

: Note d'intention

«Faire des choses avec de l’angoisse, transformer l’angoisse en choses qui soient sorties du temps et confiées à l’espace.»
R.M.Rilke


La poésie se meurt d’être conservée sur les rayons poussiéreux des bibliothèques d’apparats, dans les académies et les écoles. Pour qu’elle redevienne vivante dans une époque où elle n’est connue que des initiés, elle a besoin d’être pris à bras le corps, partagée, dite, incarnée.


Poète de la «modernité classique» allemande, Rainer Maria Rilke, surtout connu en France pour ses Lettres à un jeune poète est souvent assimilé aux auteurs symbolistes. Il est moins connu pour le caractère avant-gardiste de son oeuvre. Sa prose et sa poésie contiennent en elles-mêmes les germes de la modernité. Comme Baudelaire il aborde les thèmes difficiles de la souffrance, de la perte de soi, de la solitude et de la mort, et comme Baudelaire, la beauté et la cadence de son style provoquent à sa lecture une émotion poétique intense. Poète du sentiment et du questionnement métaphysique, Rilke pose par son oeuvre la question de l’homme face à un monde violent.


Pour recréer l’émotion poétique que l'on peut avoir à sa lecture et la transmettre à tous les publics, nous mettons en scène sa poésie en la mêlant à de la vidéo et de la musique. Je n’ai pas de toit qui m’abrite, et il pleut dans mes yeux... n’est pas un récital poétique, mais une performance sensitive, créant une atmosphère sensuelle dans laquelle tout spectateur (initié ou non) peut s’autoriser à vagabonder d’images en sonorités, de sensations en impressions et se laisser aller à son intelligence sensible…


En racontant l’histoire d’un jeune homme hypersensible, cherchant à se connaître et à se définir, nous posons plusieurs questions : que faire de notre héritage familial, de notre passé, pour aller de l’avant ? Comment arrive t-on à se libérer par soi-même de ses souffrances intérieures ? Comment transformer ses angoisses ? Il ne s’agit pas de s’appesentir sur la représentation d’un homme en souffrance. Nous mettons en scène un acte d’affranchissement de soi à soi, une transformation de l’angoisse en matériau utile à la création d’une pensée propre et à la concrétisation d’une vision poétique. En cela, le spectacle met en scène un jeune homme dans l’affirmation de sa différence. Une différence que Rilke définit par le Weltinnenraum , espace paradoxal reliant monde intériorisé et moi extériorisé: comment ne pas se perdre lorsque dans cet espace paradoxal la violence du monde provoque malaise et angoisse ? Comment vivre lorsque les frontières de l’intime et du dehors se superposent et se confondent ? Comment faire du Weltinneraum la matrice d’une vision poétique et synesthésique ?


Je n’ai pas de toit qui m’abrite, et il pleut dans mes yeux... crée une atmosphère sensible et sensuelle comme un moyen d’accéder par associations, échos ou correspondances à la profondeur de la réflexion de Rilke. Le spectacle révèle une poésie de l’immédiat, de l’intime et de l’obscur, éloignée de toute théorie et traversée par les thèmes principaux de l’oeuvre de Rilke : le dénuement, la solitude, l’enfance, la mort et l’angoisse.

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