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Isabelle 100 visages

+ d'infos sur le texte de Aurélie Namur
mise en scène Félicie Artaud

: Notes de mise en scène

Sur le texte


Isabelle 100 visages est une pièce épique et poétique, qui mêle narration et dialogue, intime et politique. Cultivant l'ellipse, Aurélie Namur nous plonge à chaque scène en prise directe avec les situations, figurant ainsi la trajectoire fulgurante de son héroïne.
Découpée en chapitres qui sont autant de moments emblématiques de la vie d'Isabelle, la pièce saisit les moments forts de son existence de sa naissance à sa mort.
Pour donner sa version de la vie d' Isabelle E., l'auteure invente quatre narrateurs, qui avec leur liberté de ton, leur regard d'hommes et de femmes du XXIème siècle, la racontent d'une certaine façon...
Ces narrateurs nous rendent cette femme familière, malgré l'écart d'époque et de lieu. La pièce la montre changeant de nom et d'apparence comme en recherche perpétuelle d'une identité manquante. La petite fille solitaire, l'étudiante zélée, la cavalière éprise de liberté, la mystique, la scandaleuse, la compatissante : tels sont quelques-­‐uns des visages qu'Aurélie Namur esquisse.
Cette écriture intime et poétique dans sa facture, est politique dans son choix. Dans une époque à la fois minée et obnubilée par l'islamisme radical, Aurélie Namur dépeint une manière libre et pacifique de vivre la foi musulmane. Isabelle fait lien entre deux cultures, autant qu'elle exprime les difficultés pour ces deux cultures de se comprendre. Car le trajet d'Isabelle est aussi symbolique des difficultés historiques entre la France et l'Algérie. Voilà pourquoi toujours ce texte articule la petite et la grande histoire.


Interprétation


Le spectacle est interprété par deux hommes et deux femmes. Incarnant une vingtaine de rôles, à la fois narrateurs et personnages, ils sont tour à tour exilés russes, policier suisse, spahi algérien, ils parlent français, allemand, russe, arabe, ils jouent du piano, chantent en choeur des chants soufis. Notre théâtre part ainsi de l'acteur et de ses multiples talents.
Pour le personnage d'Isabelle, nous donnons corps et voix à cette femme en poussant les contradictions, homme et femme, épicurienne et mystique.
Les narrateurs et personnages s'adressent directement aux spectateurs. Quand l'acteur joue Isabelle, Heinrich, ou Natalia, il peut à tout moment sortir de la situation, et vous parler. D'où un jeu vif, en connexion constante avec le public.


Scénographie


C'est un espace abstrait qui permet une multiplicité d'espaces de jeux et d'évoquer tous les lieux de la pièce. Ainsi la scénographie évoque de manière abstraite des espaces géographiques. Un plateau incliné renvoie à un espace naturel (eau, désert) aussi bien qu'un espace urbain (rue de Genève ou d'Aïn Sefra). Derrière cette pente, une coursive, où les acteurs peuvent se déplacer comme sur une crête : de nouveau, figuration plus ou moins abstraite de dunes, mais aussi espace en hauteur où se joueront des scènes lyriques à mi-­chemin entre rêve et réalité.
Le système de pente, de plans inclinés permet aux acteurs d'arpenter les espaces, et à la mise en scène d'offrir des perspectives et des angles de vue inédits. Ils permettent aussi une mise en scène en mouvement : certaines scènes seront conçues comme durant le temps exact d'un déplacement.


Structure


Les textes d'Aurélie Namur sont fortement structurés.Tel est encore le cas, dans le texte Isabelle 100 visages, dont le découpage en grandes périodes et en chapitres, donne la charpente du texte.
Nous nous appuierons sur cette « charpente » dans la mise en scène. Le titre de chaque grande période apparaît ainsi sur scène.
A l'intérieur de chaque période enfin, chaque chapitre est annoncé par un acteur. Les lieux et époques sont ainsi dits par les comédiens. Une lumière, un son, un détail de costume ou un accessoire permettent ensuite de figurer la scène.
Cette manière de titrer donne les jalons nécessaires à la compréhension du spectateur, elle rythme aussi tout le récit en transcrivant son côté dense, enlevé, procédant par bonds et par ellipses.


Images : lumières/ vidéo


Sur toutes les surfaces du décor, peuvent être projetées lumières et images vidéo.
De manière complémentaire, elles participent d'un travail atmosphérique qui retranscrit le temps et les lieux.
Ces images peuvent dessiner un endroit restreint (par exemple une ruelle sombre de Genève) ou encore envahir tout le plateau (lorsque la crue emporte tout sur son passage).
Les rives du Lac Léman, le désert, tous ces éléments sont évoqués de manière sensible par les lumières et la vidéo qui se trouve à mi-­chemin entre travail plastique et documentaire.
Ainsi le travail d'images évoque les lieux qu'a traversés Isabelle et dans lesquels elle a vécu, mais ils sont aussi et surtout emblématiques de périodes de sa vie et de son état d'esprit. Ils impriment autant des lieux, qu'une atmosphère, et un état d'esprit. Ainsi le dit Isabelle Eberhardt « l'univers se reflète dans le miroir mobile de nos âmes et avec elles, son image change indéfiniment ».


Musicalité


Cette histoire se raconte en musique.
Au caractère poétique et lyrique du texte, répondra une certaine musicalité du plateau. C'est le mariage des langues, et des inflexions, tel qu'il est proposé dans le texte et qui donne toute sa musicalité une fois interprété sur scène. Russe, arabe, allemand s'y mêlent fluidement.
C'est aussi le mariage musical du piano et des chants arabo-­musulman.
Dans la distribution, les deux comédiennes jouent du piano, tous les comédiens chantent et en choeur scandent des chants soufis. Le piano accompagne tout le récit : depuis les valses russes de Natalia, jusqu'à la solitude d'Isabelle dans le désert. Les chants arabo-­musulman, chants d'amour et chants de foi, sont présents comme un appel de l'Algérie et de l'orient, mais ce sont aussi eux qui, mieux que tout, peuvent exprimer les aspirations mystiques d'Isabelle. Rappelons à ce titre, qu' Isabelle était soufie, et que le chant et la danse sont essentielles dans cette mystique, car ils amènent à la transe. Expression de la foi, de l'amour, du mystère, le chant est ce qui amène au sens large la transcendance.

Félicie Artaud

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