Habités par ces thèmes, In Vitrine met en relief cette perte identitaire, cette société du « bonheur en kit », pour en rire, en jouer, en avoir moins peur. Ainsi, Marie, Hervé et Alice convient le public à un rituel particulier : « Ce soir c’est l’anniversaire surprise d’Alice ». Une tentative de mettre la vie sous cloche, de l’enfermer dans un circuit fermé, aseptisé, où le bonheur doit arriver à coup sûr à condition de suivre avec précision toutes les étapes de la recette. Le déroulement de la soirée, et donc du spectacle, ne semble plus être un secret pour personne. Comme si au début de votre vie, on vous projetait le film de votre avenir : l’homme ou la femme que vous allez rencontrer, le travail que vous exercerez, votre maison, votre mort.

Par sa structure, son action et ses thématiques, In Vitrine reflète un désir d’interroger le théâtre, d’aborder celui-ci comme un terrain nouveau, déroutant et excitant. Le cadre de la pièce ressemble à celui d’une expérience : des personnages/acteurs tentent de reproduire minutieusement une fête dont le déroulé a d’avance été minutieusement prévu avec une volonté d’intégrer le public, d’en faire un des acteurs du spectacle. Traité comme un ami et tel un voyeur, il est plongé dans l’intimité du trio, dans un univers souriant, sécurisant, enfantin, mais la sensation que quelque chose d’angoissant est masqué, dissimulé, prédomine.

En effet, que penser de cette débauche d’émotions ? Qu’en est-il de l’authenticité des sentiments ? Pourquoi ce besoin maladif de contrôle, cette organisation maniaque ? Que reste-t-il à attendre quand tout est attendu ?