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Hamlet and the something pourri

+ d'infos sur le texte de Alexis Fichet
mise en scène Alexis Fichet

: Extraits

HAMLET : Quand vous sortez nu de votre bain et que votre chat vous regarde, vous sentez bien que les frontières ne sont pas nettes, non ?


(Un temps)


MCCARTHY : OK, jeune Hamlet. No problème. C’est la dramaturgie avant tout. Il faut faire le sens. But it would cost you a détour. De nos jours, il faut mettre la nature, j’ai compris ! Natura ex machina. (Un temps. McCarthy semble réfléchir.) On a un arbre, now, au-dessus du father qui dort et qui va se faire empoisonner l’oreille. An apple tree. Tu sors de ton père mort et une apple te tombe dessus, que tu manges, et qui est pourrie. Rotten. Là c’est un peu gag, mais tu dis « il y a quelque chose pourri dans cette pomme », tu as une hallucination à cause de la pomme, empoisonnée, like in white snow, et tu vois un schproumf avec lequel tu te bats, et tu cries la scène de la tapisserie : Un rat ! Un rat ! mais en fait c’est Ophélie, tu te réveilles tu es en train de la mettre nue. Là il faut… something qui interrompt. Sinon c’est trop explicit, trop parental advisory.




PAUL MACCARTHY : Tu refais de l’interesting à la place de l’exciting. Je suis… Lost. (Un temps) Je crois qu’on perd la cohérence. Visuelle. Il y avait un artiste… Beuys. Joseph Beuys, tu vois ? Beuys would have done that better. Il aurait fait mieux, avec les marais. Du feutre. Un coyote. Des os et du soufre, des cadavres d’animaux… C’est mieux. Joseph Beuys, c’est rugueux. But, Joseph se voulait shaman. Moi clown. Il faut trouver notre voie clown à nous : the clown’s way in the marais. (Un temps) Go on, dis la suite.


HAMLET : Le fou est comme un aïeul. Il connaît les choses du passé, les amis de jeunesse, et tout ce qui a été englouti par l’espace. Mais il a aussi tout oublié, il ne rêve jamais. Il a tout oublié. C’est une force étrange, l’oubli, surtout pour un fou. Vous imaginez ? Sa journée s’écoule sans passé et sans rêve. Yorick trouve parfois ce que je recherche, parce que son âme et son corps sont autrement connectés. Il est fait de sensations passées, mais qu’il ne reconnaît pas. Passées et désordonnées. Ça circule dans son crâne, posé sur la main d’Hamlet. Par exemple des images de forêts et d’espaces marécageux. J’ai des images assez précises : pour moi, le paysage du fou c’est un champ de marécages sous un ciel gris, tout près d’une forêt de sapins. C’est ce qu’il faut pour voir le fou. Un paysage tournant autour d’une jeune femme noyée, quelques roseaux, une eau puissante et sourde. Vous voyez ? Il faudrait ce paysage pour arriver à y croire. À y voir. Pour lui… Il faut les marais. Cette pourriture sous les pieds, et puis les forêts autour, c’est la condition d’une espèce de folie amoureuse, avec la mort.




OPHELIE : Devinette ?


PAUL MAC CARTHY : Oh yes ! A devinette !


OPHELIE : Devinette : quel est l’exact opposé du fantôme ?


(Un temps)


PAUL MAC CARTHY : L’émotnaf ! Il faut créer des émotnafs ! Yes !


HAMLET : Paul… Qu’est-ce que…


PAUL MAC CARTHY (lyrique) : Oh Hamlet, you don’t know that ? Les émotnafs sont des tableaux animés, des sexy chansons, des animals magiques qui font se rejoindre la matière et le vent, mind and body. Les émotnafs inspirent les pensées et les corps. Les émotnafs sont de petites créatures qui vivent dans les forêts. In woods and nights dreams. À l’opposé du fantôme, elle donnent la vie et la joie. Sur les petits poings serrés des émotnafs, on peut lire life et happyness. Ils se nourrissent d’amour, mais ils en rejettent le double dans la nature, comme les arbres l’oxygène. Love, Hamlet, love ! Les émotnafs redonnent la santé aux apples pourries, ils corrompent le poison et le transforment en vitamines.


OPHELIE (rieuse) : Un jour, par mégarde, dans un bois, je me suis assise sur un émotnaf, et il est rentré en moi. J’ai ressenti un bien-être immense, nouveau. Mon corps se connectait à l’intérieur de lui-même, toutes mes fibres devenaient sensibles et excitées. Ça a été un moment formidable.

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