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Fuir le fléau

Anne-Laure Liégeois ( Mise en scène )


: Note d'intention en forme d'historique

Par Anne-Laure Liégeois

Le 28 avril 2020, en 7ème semaine de confinement, j'inventais Fuir le Fléau. Un désir vieux de 3 ans se ravivait. Il était né à la suite de On aura tout (Avignon In 2017) où je fréquentais les œuvres de nombreux auteurs luttant contre les fléaux de leur pays, et à la suite d'un temps d'écriture que j'avais eu la chance de mener en août 2017 à la Villa Médicis autour du Décaméron de Boccace (où des jeunes gens fuient la peste de Florence, en se racontant des histoires sur les collines environnant la ville). Un désir refaisait ce jour surface. En ces journées de confinement parfois compliquées à passer, je le ravivais avec bonheur, m'y accrochant férocement tant je trouvais que ce qu'il portait de sens, pouvait résonner avec ce que nous vivions. Et c'est parce que le 28 avril 2020, j'entendais que les théâtres ne pourraient plus ouvrir ou bien qu'ils ne pourraient le faire que sous de multiples contraintes que le désir refaisait surface. Dans ma solitude, comptant chaque jour le nombre d'yeux que j'avais croisés dans la journée, je voyais comme un combat à mener l'aventure que j'inventais : il fallait absolument que les théâtres continuent à être visités par des spectateurs et que pour eux résonnent les mots d'auteurs contemporains dits par des comédiens bien vivants.
J'inventais un parcours qui pourrait répondre à toutes les contraintes sanitaires. J'établissais que j'interrogerais des auteurs, en reprenant un des cadres structurels de Boccace et en formulant le plus clairement possible ma commande ainsi : "Où l'on raconte une histoire sur ce que l'on fuit pour le fuir mieux."


Dans les jours suivants, je contactais ceux de mes partenaires de création que je soupçonnais capables de s'engager dans une aventure inattendue. Je demandais à tous une somme de participation qui ressemblait plus à une aide qu'à une coproduction. Leur confiance et leur encouragement ont été fondamentaux. La somme était réunie, je pouvais engager les auteurs et les comédiens. Les auteurs seraient ceux que je lisais pendant ces quelques mois et ceux avec lesquels j'avais engagé des travaux de création ; les comédiens ceux avec lesquels je communiquais le plus pendant ces journées que nous vivions si étrangement. Le spectacle serait prêt pour la rentrée 2020 avec l'espoir que la situation sanitaire serait telle que nous n'aurions pas besoin de l'offrir aux lieux que le théâtre aurait désertés ! J'espérais ne le jouer que la saison suivante. Les auteurs répondaient présents, les comédiens aussi.


Aujourd'hui, le 31 août 2020, le spectacle s'est construit durant deux résidences : l'une à la Grande Halle de La Villette, l'autre à la Scène nationale de Châteauroux. Avec Vincent Dissez, Olivier Dutilloy, Anne Girouard, Lorry Hardel, Norah Krief et Nelson-Rafaell Madel nous poursuivrons notre travail de construction cette saison 2020-2021 et proposerons la saison prochaine, dès septembre, un spectacle qui sonnera comme le témoignage d'une période aux sensations et sentiments exacerbés, aux désirs délirants, à la réflexion sur la nature de l'homme et sur le monde nécessaire, une période où le petit, l'intime a dit le grand, l'universel. Nous nous amuserons, quand tout sera derrière nous avec tout ce qui a fait notre présent douloureux pendant plusieurs mois.


  • Anne-Laure Liégeois
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