Pour célébrer les cent ans du journal l’Humanité fondé par Jean Jaurès en 1904, une fresque théâtrale sera créée, écrite par une dizaine d’auteurs du théâtre contemporain francophone. Une fresque composée de fragments variés d’un siècle du journal l’Humanité qui est en même temps l’histoire incomplète du vingtième siècle. Chaque fragment donnera un point de vue différent, une perspective personnelle sur l’un des grands thèmes de ces cent dernières années, incluant notre présent et notre avenir.

Chaque auteur proposera sa propre vision sur l’un de ces thèmes ou événements liés aussi à l’histoire du journal. Parmi les sujets abordés par les écrivains, nous trouvons les luttes du début du siècle menées par Jaurès contre la guerre, pour la séparation de l’église et de l’état, pour la réhabilitation du capitaine Dreyfus ; la révolution d’octobre 1917 ; la guerre en Espagne ; la déportation ; la résistance ; la guerre de la Libération d’Algérie et la fin du colonialisme ; les événements de mai 1968 ; la lutte des femmes ; l’après de la chute du mur de Berlin ; le désespoir des jeunes dans les tours des cités.

La mise en scène et la dramaturgie de cette fresque ont l’intention d’accentuer la nature fragmentaire du spectacle correspondant aux ruptures et syncopes de ces cent ans d’Histoire. En collaboration avec les auteurs, je vais tenter d’assembler et de donner un encadrement à ces dix visions artistiques, en mettant en lumière en même temps chaque fragment de pièce, chaque scène individuelle sans oublier la vision globale. Cela peut inclure des textes courts trouvés dans les « Humas » passés ainsi que des chansons et moments musicaux.

Mon approche sera peut-être similaire à celle de Pasolini quand il a porté à l’écran les contes de Boccaccio en partant de l’idée d’une fresque de Giotto, où soudain une partie de la fresque s’ouvre (ou est rendue visible par l’éponge du restaurateur), s’incarne et se développe, et successivement d’autres parties. Le spectacle ne prétend pas à un discours complet et figé mais par contre essaiera de trouver sa vertu dans la diversité et la contradiction.

Je suis très heureux que ce projet ait rassemblé des voix très différentes et importantes de la scène contemporaine qui peuvent, j’en suis sûr, mettre en relief la dialectique de ce siècle complexe et ambivalent, de ses espoirs, ses déceptions, ses achèvements et ses tragédies dans toute leur brutalité. Comme une chapelle du Moyen-Âge ou comme une peinture murale latino américaine, notre spectacle cherchera, à une plus petite échelle, à raconter quelques histoires qui sont aussi l’Histoire.

Michael Batz