« Quelle force, quel culot, quelle efficacité, quelle fantastique nouveauté, quelle beauté, quelle nervosité, quelle vivacité, quel choc, quel coup de boutoir, quelle surprise... » Voilà quelques uns des mots utilisés par le Parisien pour encenser la sortie de Festen au cinéma. On sait que le film a été immédiatement couronné du Prix Spécial du Jury à Cannes 1998, et qu’il est devenu rapidement un film-culte. Or, dans la forme comme par la thématique abordée, j’ai toujours pensé qu’il y avait là une formidable matière à théâtre. D’une part les trois unités (lieu, temps et action) y semblaient parfaitement respectées et la narration elle-même fortement propice à un projet théâtral. C’est donc sans surprise que j’ai appris que ce projet avait été réalisé avec grand talent, peu de temps après le film, par Thomas Vinterberg et Mogens Rukov, les deux scénaristes, en collaboration avec Bo hr. Hansen. L’œuvre dramatique qui en résulte est aussi remarquable, vive, bourrée de dialogues délicieusement cyniques et déjantés. Mais si la pièce Festen est une fête aussi forte, aussi saisissante que le film, la question majeure est de savoir comment l’aborder et la traiter sur scène pour rendre compte de cette histoire sans artifice, comme la caméra a su le faire en semblant pénétrer, avec une folle maîtrise et une indiscrétion tétanisante, au sein de cette fête de famille. Pour ce faire, j’ai souhaité que le spectateur y participe comme s’il était lui-même convié à cette soirée, comme s’il allait être lui-même témoin des secrets qui vont y être divulgués.

Daniel Benoin