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Extinction Piscine

mise en scène collectif anthropie

: La couleur des émotions politiques

Par Laura Sanchez, Le TRIM 15, journal trimestriel du Grütli

«On» nous parle en «Tu» dans Extinction Piscine ; qui parle et qui es Tu ?

Le collectif anthropie signe d’abord un texte et tout part de ce texte. Il se décline depuis ce printemps dans des vidéos postées sur Instagram comme un feuilleton (pour les suivre @anthropie), un objet scénique à découvrir au Grütli, un livre édité par les éditions Abrüpt (à paraître le 22 août 2023) ainsi qu’une version pirate estampillée « Vole ce livre » (novembre 2023), enfin dans un site internet qui regroupe les autres créations du collectif, dont celle qui nous occupe (www.anthropie.art).


C’est de la littérature transmédiale et, dans ce cas, elle s’écrit à plusieurs mains. Si écrire à plusieurs est un exercice acrobatique, la littérature transmédiale doit être encore plus élastique ou plus épurée, peut-être plus directe ? En tout cas, cela oblige à réduire la part personnelle, gommer le style de chacune pour trouver le mot précis et le phrasé efficace.


Pendant GO GO GO 2022, le collectif a présenté Dio au Grütli, une performance axée elle aussi sur un texte, où le public assistait à l’hybridation étrange d’un mythe grec et d’une simulation informatique dysfonctionnelle. Dans Extinction Piscine, l’angle est différent, puisque c’est une fiction quotidienne qui est le ressort narratif. Qui la raconte ? La génération des millenials, les 25-35 ans (ici de la classe moyenne occidentale) qui serait théoriquement la dernière génération à pouvoir agir contre la catastrophe écologique imminente.


Extinction Piscine raconte une émotion politique, la piscine servant de métaphore pour dire une posture décalée, une attitude passive ou plutôt occupée à se divertir et à regarder des vidéos sur l’éco-anxiété sur les réseaux sociaux. L’allusion à l’eau fait aussi référence aux théories sur la société liquide ou comment le néolibéralisme nous a fait basculer dans l’incertitude et la fragilité, dans l’immobilité et dans l’ironie.


Pourquoi vit-on le chaos climatique comme un rêve ?
Comment parler de la dégradation éco-sociale que nous vivons ? Comment traverser les émotions qu’elle suscite ?
Par la révolte, la nostalgie et la torpeur. On va peut-être vivre l’extinction comme ça, touxtes dans la piscine. Les membres du collectif anthropie font sans aucun doute partie de cette génération, mais iels nous donnent à voir un tableau, une image intérieure. Elles en font une recherche esthétique et politique, un moment à vivre ensemble, comme un mouvement vers l’autre, comme si contempler sérieusement l’extinction pouvait permettre, non sans douleur, de vivre un changement de société profond.

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