: Extrait
Parce que vous n’allez pas en revenir mais depuis des années qu’il habite en moi, eh bien depuis tout ce temps je ne sais pas son nom. Je l’ai appelé Moi. Pour les commodités de notre dialogue, pour en parler aux autres, à mon médecin, à la troisième personne du singulier, pour qu’il arrête de me bousiller l’ordinaire !
Comment vous faites, vous, pour habiter tout seul dans chaque seconde ?
Est-ce que votre amarre à vous est capable de supporter le poids du temps ?
Est-ce que vous étiez là hier, est-ce que demain ça vous parle ?
Est-ce que vous croyez que c’est possible de vivre à plusieurs dans la même seconde ?
Je suis venu(e) habillé(e) en squelette. Je n’ai pas eu le temps de me changer, de me mettre une peau, des chairs en dedans, le bazar des organes, les litres de sang, les tuyaux, la pelote des nerfs, c’est tellement compliqué, ça prend des années pour enfiler ça, alors je suis venu(e) comme ça, les os à l’air, vous ne m’en voulez pas ?
Je veux bien m’arrêter là. Oui, là, devant vous, le terminus de vos yeux. Serrer le frein, en finir avec la vitesse. Je suis descendu(e) bien assez bas, vous ne croyez pas ? Passer son temps à toucher le fond, vous pensez que c’est une vie ?
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