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Ellen Foster

+ d'infos sur le texte de Kaye Gibbons traduit par Marie-Claire Pasquier

: NOTE D’INTENTION

J’essaye souvent de me représenter tout ce qui traverse notre espace mental, dans une journée par exemple, c’est infini et singulier. Je me demande comment rendre compte de toutes ces strates qui cohabitent, de ce fantastique amalgame de souvenirs, d’espoir, de peur, de blessures, de faiblesses, d’échecs, de manques et de rêves que nous sommes. Comment évoquer ce zapping incessant que nous subissons.
En lisant ce roman, j’ai été d’emblée saisie par ce dialogue corrosif et terriblement intime entre une jeune fille et son passé. Son acharnement à vivre et sa capacité à traquer inlassablement ce qui l’assaille m’ont donné envie de l’adapter au théâtre. Et puis, je me sens concernée par l’imaginaire de cette enfant qui est en train de devenir adulte, à la frontière fragile où tant de choses se confondent et se décident. La voix de cette jeune fille qui examine les règles du monde qui l’entoure sans jamais s’apitoyer, qui cherche à trouver sa place, et qui tente de saisir où elle va, me touche.
En adaptant ce roman au théâtre, mon envie est de représenter l’espace mental d’Ellen Foster. Je me demande, par exemple, comment rendre compte de ce monologue intérieur qui passe du coq-à-l’âne ; comment exprimer visuellement et sensiblement ce « collage » mental ? Comment entrechoquer le verbe, le corps et la musique pour trouver une équivalence visuelle aux mouvements de son âme ?
Imaginer comment elle dialogue avec son passé, comment elle fait revivre ses souvenirs ou comment elle s’adresse aux personnes, mortes ou vivantes, de sa vie (entre autres sa mère, son père, sa tante et la mère idéale qu’elle va finir par “adopter”). Autant de fragments d’une vie que nous évoquerons parallèlement au récit qu’elle se remémore et qui influence son va-et-vient entre passé et présent. L’histoire se raconte à la première personne, comme dans le roman, sous forme de chapitres. Pour la musique, j’ai demandé à Theo Hakola, auteur-compositeur-chanteur américain (dont la sortie du prochain album « Sexual Water » est prévue cette année) et écrivain (son dernier roman « La Valse des affluents » paru aux éditions du Serpent à plumes) avec qui je collabore pour la troisième fois, de composer une musique originale qui agira sur l’espace mental d’Ellen Foster comme un « révélateur de mémoire ». J’imagine un véritable tissu musical constitué de sons et de reprise de vieux standards de musique country. Un souvenir peut découler d’un bruit ; ici le chant, les sons et la musique (guitare, botoneck, harmonica et violon) réveilleront des pans de la mémoire d’Ellen Foster et je l’espère feront résonner des choses profondes en nous.
La langue est par moment celle d’une enfant dix ans et à d’autres moments pleine de lyrisme. En tout cas l’écriture, qui traduit une vision du monde lucide, est pleine d’invention linguistique et surtout d’humour.


Le seul élément de décor que nous imaginons est un tabouret d’un mètre quinze, une sorte de petite scène d’où elle convoque son histoire. Le choix du tabouret est aussi pour nous une métaphore de la fragilité dans laquelle Ellen Foster se trouve. En tant qu’interprète, je souhaite exprimer aussi physiquement cette lutte, le tabouret étant comme « un fil » sur lequel j’évolue. Quant à l’interprétation, je chercherais à me débarrasser des artifices et à aller vers davantage de dénuement et de vérité. Jusqu’où peut-on s’exposer tout en restant profondément soi-même ?


En quelque sorte la musique comme la lumière, seuls interlocuteurs d’Ellen Foster, serviront à ouvrir et fermer les portes du passé et à introduire d’autres espaces imaginaires.

Paola Comis

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