Eileen Shakespeare, soeur de William, embrasse toutes les voix des femmes qui ont connu la lutte, la révolte, la résistance. Double du personnage de Orlando de Virginia Woolf, elle traverse le temps, les époques et vient nous boxer de sa vérité nue de femme réveillant notre désir d’être et de vivre. elle pourrait être la parente de Lady Macbeth, de Camille Claudel, elle est une femme de liberté mise au bûcher pour avoir trop dit, trop pleuré, trop vécu.

Incarnation de l’audace, elle luttera et quittera un mariage forcé pour suivre les pas de son illustre frère, cherchant à devenir auteur et actrice. Elle luttera pour se cultiver, et deviendra cette ogresse libre et forte, à la parole haute, sans peur ni loi, puissante et vaillante.

De l’enfantement et de sa souffrance, du dépit, de son coeur comme un champ de bataille vide, elle balaie d’un revers de la main les idées préconçues, nous pousse dans nos retranchements et du fond des siècles nous dit de ne jamais abandonner nos rêves.

La vie de cette femme sur six siècles depuis le Londres de la Renaissance à nos jours, nous questionne sur notre rapport à l’art, à la reconnaissance de notre art dans notre société. A travers ce texte, Fabrice Mequiot pose la question de la créativité : « Quelles sont les tâches de la créativité dans un monde qui évolue lui‐même à toute allure ? ». Comment la mise en jeu du corps de Eileen Shakespeare nous bouscule, nous interroge ?

La pièce pose la question de l’héroïne scandaleuse au même titre que peuvent la pser des personnages tels que Antigone, Electre, Clytemnestre, Médée, Loulou, Norah, ou Lady Macbeth…
Nous avons avec Eileen Shakespeare, une figure féminine qui brave l’autorité des hommes et la loi pour affirmer son désir. Cette liberté (réelle ou relative) a un prix car la femme qui pense, la femme qui pose la question de l'égalité devient scandaleuse.