theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Dieu est-elle une particule ? »

Dieu est-elle une particule ?

+ d'infos sur le texte de Meriem Menant
mise en scène Kristin Hestad

: Extrait

Préambule

« Je doute.
Je crois je doute.
Aïe.
Et toi tu doutes pas ?
Tu crois dans dieu ?


Quand je dis dieu, je pense pas à un en particulier, je pense à n’importe lequel. Et t’as le choix : celui qu’a la grande barbe blanche qui te regarde de dessus les nuages, celui qu’est chauve et qu’est tout rond et potelé, celui qui faut se mettre à quatre pattes pour le croire, celui qui faut rester longtemps debout, celui qui faut chanter juste, celui qui faut murmurer des petites chansons le front tapoté contre un mur, celui que son représentant il porte une robe blanche toute propre très vieux et qui tient un grand bâton en latin, ou celui qu’est habillé tout orangé, ou celui qui porte un rond au milieu du crâne de derrière, ou une toque avec un pompon, ou une toque sans pompon, ou un chapeau très haut comme fait en papier pour se déguiser... Tu vois ce que je veux dire... ? n’importe quel dieu, celui qu’on cérémonise avec de la prière, avec les signes de la main, les chansons à plusieurs, avec les robes longues qu’on montre jamais les genoux, avec les statues autorisées ou pas autorisées, les communifictions, les barbes à mitza, les qu’on regarde vers le soleil levant, les cling-cling, les klongs, celui qui te réveille à 5 heures tous les matins, celui qui te cloche tous les quarts d’heure, même à 11 heures de la nuit, celui qui se promène tout nu avec la croix dessus qui pèse très lourd avec les échardes et des épines sur la tête, celui qui interdit le saucisson, celui du poisson seulement le vendredi, celui du pain sans mie qu’on peut pas étaler le beurre dessus, celui qu’a plus raison que l’autre qu’a plus raison que l’autre qu’a plus raison que l’autre et qui prêche l’amour, avec le sang sur l’épée, c’est violent des fois l’amour à prêche. Bon t’y crois c’est ma question, parce que moi je doute moi.


Et est-ce que tu crois que le dieu... comment esspliquer... est-ce que tu crois que c’est lui qu’a fait le monde et tout... ?


Bon quand tu crois dans dieu, bon, est-ce que si t’y crois ça veut dire, en plus de tout le bazar que je t’ai dis plus haut sur le manger, les chansons, l’amour à épée et tout, est-ce que tu penses que le monde il a été fabriqué par le dieu et tout ?
Le monde ça veut dire la terre, qu’est même pas ronde tout à fait, tiens pourquoi qu’il l’a pas fait ronde ronde parfaitement, bon, le monde ça veut dire le ciel avec le grand singe ou je sais plus quel animaux dans les étoiles, les montagnes, la neige, les rivières, le désert, les mers, les cailloux, les bêtes à pattes, à griffes, à poils, à plumes, à écailles, à... peau, à cuir, à rayures, à pois, les chiens, et tout, il les a fabriqués ? Tout seul ? Et une fois qu’il a vu que tout tenait bien debout, ou allongé, à sa place, il a ajouté le monsieur, le jésus, ou je sais plus son nom et comme il avait personne avec qui se fâcher le jésus, au sujet du repas, il lui a ajouté sa dame, qu’il aurait modelée, avec sa côte. La côte qu’on se sert pour respirer. La côte au jésus, ou à l’autre que j’ai oublié le nom. Avec sa côte. Pourquoi pas avec son sac à synovie ?
Et je te parle même pas de la mort, qu’on sait ce que c’est la mort, depuis le temps, c’est quand ça bouge plus du tout et tout, mais le dieu il te dit tu vas en enfer si t’as fumé et au paradis si t’as donné à un pauvre dans la rue. Si t’habites en ville.


Alors bon moi je doute.
Je dis pas que c’est pas possible. Ou que c’est pas impossible que ça soit possible possiblement peut-être. Je demande à voir, c’est tout.


Et c’est pour cette raison mesdames et messieurs que je me dévoue ce soir pour entreprendre cette recherche du dieu, en direct, en son et lumière, pour de vrai, ici et maintenant.
Alors mesdames et messieurs pour vous ce soir, je vais endosser ma tenue de chercheuse, mesdames messieurs, ma blouse blanche spéciale scientifique, mesdames messieurs, mon bleu de travail d’expérimenteuse en science.
Et en direct mesdames, messieurs, on va le choper le dieu, moi j’te l’dis.
Ou pas. C’est ouvert. »

Meriem Menant

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.