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Déshonorée

mise en scène Alfredo Arias

: Entretien avec Alfredo Arias

Propos recueillis par Pierre Notte

Qui est Déshonorée ?


C’est une actrice argentine : Fanny Navarro, star du cinéma pendant le régime péroniste. On lui reproche son fanatisme, son amitié avec Eva Perón et d’avoir été la maîtresse du frère de celle-ci, mort dans des circonstances troubles. Nous sommes devant une pauvre femme démunie face à la démesure et la violence avec laquelle elle va être jugée, et dont elle sortira détruite. Avec son procès, on trouve une façon de se venger d’Eva Perón à travers elle.


Comment avez-vous découvert ce texte ? Comment vous est-il parvenu ?


Depuis longtemps je m’intéresse à l’histoire politique qui a traversé mon enfance, et aussi en parallèle au cinéma de cette époque. Cette histoire d’actrice compromise avec le régime péroniste ne pouvait pas me laisser indifférent. Le travail d'écriture qu’a fait à ma demande Gonzalo Demaría (dramaturge argentin dont une de ses particularités est de questionner l'histoire de notre pays) illustre le degré de démence et d’absurdité que les labyrinthes politiques argentins sont capables d’atteindre.


Quelle histoire de l’Argentine, quel aspect de Buenos Aires raconte-t-il pour vous ?


C'est un récit très vaste qui dépasse les limites de la ville de Buenos Aires pour aller chercher l'identité même du pays.Les auteurs d'un livre dédié à l’histoire de Fanny Navarro ont appelé l'ouvrage : Un mélodrame argentin. C'est l'histoire d'une actrice plutôt modeste dans l'art de l’interprétation qui se voit confier par les événements le rôle terrible d’une femme doublement punie : par ceux qui ont partagé son idéologie et par ceux qui l’ont combattue. Cette pièce propose une réparation, une prise de conscience et une compassion pour les victimes des vertiges idéologiques.


Savez-vous comment il va se jouer sur le plateau ? Dans quel espace ?


Ce sera une réalisation dans le plus grand dépouillement, loin des falbalas du théâtre mais habitée par une intensité unique qui est celle de raconter la violence et l’injustice. Une puissante intervention musicale permettra à Alejandra Radano de dépasser les limites du mélodrame pour s'aventurer dans le profond déchirement de son personnage.


N’avez-vous jamais eu envie de quitter Buenos Aires ?


Je n’ai jamais quitté Buenos Aires. À Paris s’exprime mon double, un artiste poli qui essaye depuis longtemps d’amuser tendrement le public français. Celui de Buenos Aires ne peut pas se déplacer pour des raisons psychiatriques. Son psychiatre a fait au mieux, avec la complicité d’un assez bon comédien, pour réussir ce dédoublement qui, j’espère, continuera à vous donner une impression positive de la culture de notre pays.

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