« de quoi cherche-t-on à me divertir ? » écrit sur un mur dans le lieu qu’occupaient les intermittents pendant l’été 2003

« Tout le monde parle de désir, j’ai le désir de ceci, je n’ai pas le désir de cela, ah bon tu as envie de faire cela et bien fais-le si tu en as le désir. Cette obsession du désir, je crois, me poursuit depuis quelques temps : faire de l’expression de son désir une sorte d’impératif moral, une nécessité existentielle, le devoir de l’honnête homme, suivre son désir comme le pivot de la relation à l’autre, le désir comme fondement de la civilité, ciment de la civilisation. Nous sommes tous des machines désirantes… Mais est-ce que le désir, c’est ce que je veux faire, ou c’est ce que j’ai à faire ? Est-ce que le désir, c’est la sincérité ou est-ce que c’est le jeu ? Est-ce que le désir ça à voir avec le fond ? Peut-être que le désir, ça peut faire très mal après tout, peut-être que le désir ça peut te péter à la gueule ?
Alors qu’est-ce qu’on fait ? on ferme les yeux ou on regarde ?
Je crois que Daniel Keene en sait long là dessus et j’ai justement le désir d’aller entendre ce qu’il en dit d’un peu plus près.

Ces deux textes, c’est deux fois faire le récit d’une catastrophe. Dans le premier, la catastrophe a eu lieu, celle d’une histoire singulière, de l’Histoire ? qui met en jeu la catastrophe de la mémoire qui se perd, de son érosion. Dans le second, la catastrophe a lieu dans le temps présent, elle se déroule sous nos yeux, furieuse et incontrôlable une catastrophe intérieure, le surgissement du monstre en nous.
Avec le récit de ces deux cauchemars, on voudrait croire que le théâtre peut-être parfois ce trou de lumière sur l’obscurité de nos catastrophes.

Thierry Bordereau