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Chto

mise en scène Fanny Avram

: Note de mise en scène

Sonia Chiambretto a écrit cette pièce à partir de plusieurs rencontres avec une jeune tchétchène émigrée à Marseille. En plus des mots qui prennent en charge le témoignage, la structure du texte manifeste aussi quelque chose : les flèches refoulent les mots, les blancs apparaissent presque comme seule ponctuation, les grilles claustrent la parole, etc… Une multitude de signes qui impose aux voix de se taire ou de trouver d’autres traits pour se faire entendre.


Comme un graphologue je cherche à interpréter ce texte en m’appuyant davantage sur son squelette que sur le sens des mots. J’imagine le corps de l’actrice comme la feuille banche de l’auteur. Un corps qui, en même temps qu’il porterait ces mots, viendrait garrotter sa propre voix. Au plateau le travail sera d’arriver à traduire la censure et l’autocensure gravée dans le corps, en transposant les signes du texte par des signes corporels qui imposeraient le silence.
Deux voix : celle de l’actrice qui portera le texte et celle du chanteur. Cette deuxième voix est pour nous celle qui a perdu ses racines par supplantation d’une langue par d’autres langues (le tchétchène le russe le français) entraînant une confusion phonétique. Des strates de sonorités qui déteindraient les unes sur les autres congédiant le sens des mots. Cette voix pourrait être celle qui désarme les dogmes et rassure la chair. Elle est pour nous celle du chant et de la musique, puisse-t-elle encore rapprocher les gens.


Il me paraîtrait impudique de s’identifier à Sveta, nous ne chercherons donc pas à composer le personnage de cette jeune fille Tchétchène. La structure fragmentaire et hétérogène du texte sera figurée au plateau par un enchaînement inopiné de séquences autonomes et les signes du texte seront décryptés comme des idéogrammes respectant les secrets qu’ils recèlent.


L’écriture est une craquelure, une tmèse, une fissuration qui coupe, et rien ne demeure égal ; l’argile, lorsqu’elle cuit afin de conserver le signe qui est enfoncé en elle pour durer, le fixe pour toujours, mais ce faisant, elle craquelle, laissant s’ouvrir dans sa propre matière des fissures inguérissables'. (Carlo Ossola in Préface de Variations sur l’écriture de Roland Barthes)

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