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Notre dernier voyage

mise en scène Marc Tourneboeuf

: Une quête de vie et d'envies

Par Jean-Philippe Renaud

Notre Dernier Voyage est une adaptation à la scène du roman de Bernard Giraudeau, Cher Amour : récit immersif d’une frénésie d'amour et de voyages, entre Chili et Philippines, entre images de l’enfance et recherche d’un amour absolu.


C'est une quête de vie et d'envies, portée par la fougue d'un homme hyperactif qui sent que la maladie l'entraîne dans son dernier périple, ultime aventure, peut-être la plus intense et la plus turbulente, probablement la plus vraie.


Jusqu'à son dernier souffle, ne jamais avoir peur, sauf peut-être de ne pas avoir assez vécu.


L'adaptation du roman de Bernard Giraudeau est un hymne à l'amour et au voyage, à tous les voyages. Le voyage extérieur avec ses rencontres et sa quête de regards, le voyage intérieur provoqué par la maladie, le voyage immobile du théâtre. Le texte se présente sous la forme d'une lettre d'amour à une femme inconnue. Une recherche de séduction qui enflamme la parole, la délivre surtout. Confession intime et libératrice, douloureuse et vivifiante, mais dont la malice et la fougue ne sont jamais absentes. En s'extrayant de l'enveloppe charnelle pour y revenir sans cesse, on part avec lui à la rencontre de ses souvenirs et de personnages aux destinées extraordinaires. Donner à réfléchir. À s'émouvoir. À aimer. À vivre. C'est pour ces raisons que j'aime le théâtre.


J'ai fait le choix parmi les nombreux pays contés par Giraudeau, d'emmener le spectateur au Chili et aux Philippines. Le Chili parce qu'il tient une place singulière dans sa vie, pays d'origine de son ami Osvaldo Torres, et "théâtre" de son documentaire Mon Ami Chilien ; les Philippines de l'après Marcos et des plus gros bordels de la planète, pour plonger dans des contrastes saisissants et offrir une merveilleuse déclaration d'amour aux femmes. Nous irons aussi sur Smoky Mountain approcher le peuple des poubelles de Manille ; ultime métaphore de ce rein, l'organe de filtration, qui finit par nous empoisonner lorsqu'il est malade.


Et puis on reviendra à l'amour, à la séduction, au théâtre, à la magie de l'évanescent, de l'unique, du non reproductible. À la maladie aussi. Un autre voyage, plus immobile, plus turbulent. Giraudeau l'accepte pour ne pas s'y perdre. Il ne la combat pas, il cherche à la comprendre, l'explore pour s'explorer lui-même et se réinventer. Un face-à-face avec soi pour parvenir à soi.


Un moment singulier de partage et de questionnement avec le spectateur.


Pauses de réflexion dans un tourbillon d'aventures.


On naît seul, on meurt seul. Entre les deux, il y a toutes ces vies possibles, cette quête sans fin. Vivre encore et toujours plus, vivre toujours, tant que c'est possible, jusqu'au dernier souffle. Ne jamais avoir peur, sauf peut-être un jour de ne pas avoir assez vécu, de ne pas avoir trouvé l'Amour.


Marin, voyageur, aventurier, acteur, réalisateur, Bernard Giraudeau a eu plusieurs vies qui forcent l'admiration. On s'étonne peut-être de le découvrir écrivain, alors qu'il écrit depuis toujours. Mais il aura fallu l'amour, là encore, pour le pousser, pour l'inciter à oser...


En rendant hommage à l'écrivain, en invitant au théâtre, aux voyages et aux rencontres, mon adaptation souhaite livrer quelques éclats de l'homme au travers de ses mots d'une rare intensité. Je me plais à l'idée qu'ils puissent avoir été écrits pour être dits un jour sur scène et je souris en imaginant le sourire malicieux de son auteur. C'est peut-être tout ça la force de Giraudeau.

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