Le théâtre d’Eugène Durif est souvent porté à la scène avec de la musique et des chansons. Dans Cette fois sans moi nous allons poursuivre cette voie. Créer une résonance entre la langue et les timbres, le rythme et les notes, produit par un instrumentarium composite : la guitare électrique, l’harmonium indien, le céraphone, le balafon métallique, la « bouillotte de grand-mère », le « seau chantant », divers instruments de bruitage, bouts de bois, sacs plastiques, chaînes, boue, feuillage, appeaux.
Certains sont joués avec la bouche, d’autres les mains, d’autres les pieds : on verra le « musicien - acteur » touiller le tout en direct.

La musique peut servir de code de jeux et transformer la parole en « talking blues », incantation tribale, opéra chinois etc.. ou bien travailler dans un registre plus impressionniste, donner un éclairage particulier au texte et lui associer des sensations.

L’écriture d’Eugène Durif offre un champ fantastique à l’imagination musicale. Comme souvent chez lui la pièce est ponctuée de chansons. Dans Cette fois sans moi, les mots seront portés par une mélodie qui peut se passer d’orchestre ou de bande son ; elle doit presque se suffire à elle-même, accompagnée par un seul instrument qui la caractérise.
Cette mise à nu de « l’acteur-chanteur » peut créer une certaine théâtralité. La musique malgré son caractère désuet et humoristique contribuera, je l’espère, à fabriquer des émotions et du merveilleux.

Pierre Jules Billon