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Caligula/Supernova

mise en scène David Fauvel

: Extraits

Extrait 1


Caius enfant – Juste en dessous de l'étoile la plus à l'est de la ceinture d'Orion, est un ciel pourpre, sur l’horizon duquel naît un cheval de sang. On peut distinguer nettement la tête de l’étalon qui s’échappe de la nébuleuse. J’aime regarder ce visage rouge sombre de cheval rouge sombre. Je tends le bras, j’écarte les étoiles et je caresse sa crinière encore chaude de l’explosion d’une supernova. La bête cosmique repousse ma main en signe d’affection. Car c’est avec la tête que le cheval donne la main. Car c’est avec la tête que le cheval appelle les caresses.




Extrait 2


(Lipidus porte un masque.) Caius – Voilà ce qui me plaît en toi Lipidus, tu ne fais rien comme les autres. Tu as cette délicieuse capacité à la métamorphose, j’en ai l’eau à la bouche. Lipidus, dehors vivent les vrais porcs, les oiseaux de mauvais augure et les chiens obéissants.
(Un temps)


Alors, tu veux que nous parlions politique ? Rome veut que je parle politique ? On t’envoie à moi pour que je prenne des décisions n’est-ce pas ?
(Un temps)


Je vais te dire ce qu’il en est.
Nous avons fait croire à Rome qu’elle se nourrissait de démocratie. Nous avons laissé l’armée imaginer qu’elle choisissait sa tête. Nous avons laissé entendre à la noblesse que c’est elle qui dirige la cité. Nous avons fait croire au monde que nous sommes la Civilisation.
Mais je ne suis moi, Caius Caesar Caligula, qu’une bête parmi les bêtes, un monstre à la tête des monstres. Caius, vous l’avez mérité. Votre Caesar c’est vous. Vous avez fabriqué votre Caligula à l’image de vos fantasmes étroits et je vais m’efforcer d’aller au coeur de vos chimères, au-delà même, je serais votre rêve le plus intense, le plus persistant. Voilà quelle sera ma politique.
Qu’en penses-tu ?
(Un temps)


Une politique du rêve pour tous ceux qui chaque jour échappent à la mort. Est-ce que tu crois aux rêves ? Aux forces terribles de l’onirique ? Penses-tu que si l’on meurt dans un rêve, on ne se réveille jamais plus ?
(Un temps)


Crois-tu que je dirige quoique ce soit dans ce monde ou dans un autre ? Je ne suis qu’un survivant…
(Un temps)


Je veux que tu épouses ma soeur Drusilla.
(Un temps)


Il n’y a pas si longtemps tu serais entré ici en rampant Lipidus. Vois comme aujourd’hui je t’offre ma chair. Il y a quelques lunes, tu te tenais tremblant devant ton Prince et là tu le regardes droit dans les yeux lorsqu’il t’offre son âme. Serais-tu devenu un monstre. Toi aussi. Une bête silencieuse qui se prépare au mutisme de sa proie enfin tenue en respect ? Fais-tu partie des morts ou des vivants, es-tu une ombre ou un démon ?
(Un temps)


Toi non plus tu ne dors pas, n’est-ce pas ? Tu as une figure livide sous ton masque d’ami. Tu es un spectacle blême, pathétique. Le sommeil évite ce palais, n’est-ce pas, les dieux savent pourquoi.

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