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Μέρα Σάββατο (C'était un samedi)

Irène Bonnaud ( Mise en scène ) , Joseph Eliyia ( Texte ) , Dimitris Hadzis ( Texte )


: Interview Irène Bonnaud

Propos recueillis par François Rodinson pour la scène nationale Châteauvallon-Liberté

Petite question historique : quelle est donc cette communauté juive ni ashkénaze ni sépharade établie à Ioannina, en Grèce, dont parle la nouvelle de Hatzis ?
Irène Bonnaud — Les archéologues peuvent attester d’une présence juive en Grèce dès le quatrième siècle avant l’ère chrétienne. On a trouvé des restes de synagogue sur l’île de Délos ou sur l’ancienne agora d’Athènes. Il y avait sûrement des communautés importantes à l’époque hellénistique, bien avant la destruction du Second temple à Jérusalem. Mais la légende locale à Ioannina veut que ce soit Titus qui ait alors embarqué des Juifs de Palestine pour les vendre comme esclaves : le bateau aurait fait naufrage sur les côtes d’Épire et ces captifs juifs auraient fondé la ville. La plupart des historiens pensent eux que ce sont des communautés installées plus au Sud, à Nikopolis, Preveza, Arta, qui se sont réfugiées à Ioannina pendant les guerres qui agitaient le Haut Empire Byzantin.C’est pour ça que la communauté de Ioannina est appelée « romaniote », romaine : ça veut dire qu’elle était sujette de l’Empire romain d’Orient, qu’elle était byzantine, de langue grecque.


Il n’y a presque plus de Juifs à Ioannina depuis les déportations et l’extermination par les Nazis. Comment s’opère le travail de mémoire à travers le théâtre ?
I. B. C’est peu connu en France, mais la Shoah a été particulièrement dévastatrice en Grèce. Les historiens estiment qu’environ 90% de la communauté juive grecque a été déportée et tuée. Bien sûr, c’est un petit pays, mais on parle d’une proportion de disparus aussi terrible qu’en Pologne ou en Lituanie. Le drame le plus connu est la déportation de la grande communauté sépharade de Thessalonique, qui, jusqu’en 1917, était une ville majoritairement juive. Avec la déportation de 1943, c’est toute une culture qui a été rayée de la carte.


Pour ressusciter ce monde englouti, convoquer les fantômes, êtes-vous allés au-delà des récits mélancoliques de Hatzis ?
I. B. Le spectacle est un diptyque. Hatzis qui raconte la Ioannina de son enfance. Et puis la chronique de la déportation de 1944 que j’ai écrite en construisant un puzzle avec des témoignages. Ce qu’on a appelé « l’ère du témoin » est en train de s’achever : les dernières personnes à avoir connu la période de la déportation disparaissent peu à peu. Maintenant le défi, c’est : comment faire pour que cette mémoire reste vive ? Comment continuer à faire entendre ces voix ?

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