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Occupé !

mise en scène Anne Contensou

: Regard dramaturgique...

Ce qui frappe dans cette pièce c’est son culot au démarrage. D’abord parce que la langue de Philippe Gauthier, libre et crue, ne cherche ni le joli ni le moral sous prétexte qu’elle s’adresse à des enfants. Ensuite parce que l’auteur se permet d’aborder un thème grave – le bouc-émissaire – avec beaucoup de drôlerie, caractéristique rare dans la production jeunesse actuelle.


Oui, on rit beaucoup en découvrant Bouboule et Quatzieux, entraînés d’abord par ces personnages burlesques et décalés. Car ceux-ci ont beau être les victimes de l’histoire, ils ne sont pas pour autant présentés sans défauts, au contraire ! L’auteur expose autant leurs déboires que leurs lâchetés, jusqu’à cet étonnant retournement final où Bouboule prend la place du bourreau. Cette complexité nous écarte d’emblée d’une vision du monde où les bons et les méchants seraient séparés. Néanmoins les deux garçons deviennent très vite attachants par leur entrain et leur solidarité naissante. On sera notamment touché par Bouboule au dessein secret d’aménager un monde refuge dans un container poubelle, et l’on verra dans le dernier geste qu’il a envers Quatzieux – celui de jeter un paquet de gâteaux dans le container – une manière déguisée de le rassurer en lui disant qu’il ne prendra peut-être pas si cher que ça les jours prochains…


La pièce alterne des scènes de jour qui réunissent les deux personnages autour du container (ou carrément à l’intérieur) et des situations le soir. Ces scènes nocturnes croisent des paroles des personnages isolés dans leurs chambres, le tout finissant par produire une sorte de « dialogue » et renforcer le lien fort - quasi surréaliste - qui relie les 2 garçons, même éloignés.


La pièce suit ainsi une structure musicale répétitive : couplet / refrain / couplet / refrain… Le renversement de situation final dénoue et renoue la situation de départ, faisant de l’histoire une boucle perpétuelle.


On note enfin que la narration est entièrement centrée sur les 2 protagonistes, quasi en huis-clos (container et chambre). Les parents et les camarades de classe sont absents de l’action, notamment le personnage du bourreau. Cette focale subjective est accentuée par le fait que les deux garçons se réfugient tous deux dans une bulle de fiction le soir : Bouboule inverse les rapports en jouant à des jeux vidéo violents dont il est le vainqueur, Quatzieux écrit son journal intime et recrée sa journée par le biais du récit.

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