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Bestiaire allumé

Marion Duquenne ( Mise en scène ) , Sylvie Osman ( Mise en scène ) , Jean De La Fontaine ( Texte )


: Notes d'intention

« Le chat la belette et le petit lapin » Texte de Sylvie Osman
Un matin, à l’aurore, Janot Lapin, sort de sa maison pour aller brouter l’herbe des prés et faire sa cour à la déesse Aurore. Il revient. Sa maison est occupée par Dame Belette. Un débat sur la propriété s’engage entre Janot Lapin et Dame Belette. Ce débat rebondit de manière silencieuse sur le public. La Fontaine invite le spectateur à être actif, à se poser la question de la justice et de l’injustice.
La Fontaine est comme un os à moelle. On attaque d’abord la chair autour de l’os, puis l’intérieur, la moelle. C’est nourrissant, délicieux, et dans le temps de la mastication qui s’étire, les questions, les idées et les sensations dansent. La Fontaine est jubilatoire car il raconte la vie tragi-comique des hommes en peu de mots. Les forts les faibles, les faibles les forts. Qui a raison, qui a tort ? La vérité est illusoire. « ... à quoi sert, dit Olivier Leplâtre[1], de parler aux hommes qui n’entendent que leurs passions, à quoi sert d’écrire. A rien peut-être sinon à l’essentiel : revendiquer le souvenir enfantin de se laisser prendre à de petites histoires de bêtes et d’hommes... ».



« Le loup et le chien » Texte de Marion Duquenne - Entre chien et loup
Au commencement il y a un loup, un loup qui n’a « que les os et la peau », rien d’autre. Ce loup rencontre un dogue « aussi puissant que beau, gras, poli...». Ces deux corps, que tout oppose, se cherchent, se regardent, se jaugent. De ce commencement devrait naître un combat. Et pourtant ce qui ce passe est autre chose, juste autre chose ; La Fontaine s’emploie à les faire parler ces deux bêtes qui se regardent le corps. L’autre dit : « Il ne tiendra qu’à vous, (...) d’être aussi gras que moi », et l’un se met à rêver cette autre vie, cet autre corps, qui ne sont pas les siens. Vient la question du choix ; entre chien et loup, entre domesticité et sauvagerie, entre le confort rassurant et la liberté d’une existence incertaine.
Que sommes-nous prêts à faire pour avoir une meilleure qualité de vie?
Jusqu’où sommes-nous prêts à contraindre notre corps pour qu’il ressemble à celui de l’autre ? Est-ce qu’en échangeant notre labeur contre notre subsistance, nous troquons notre droit à disposer de nous-mêmes ?
Ce loup n’a que ses os et sa peau, mais ce peu de choses n’est-il pas l’essentiel ? Pour cette fable nous avons choisi de prêter à ces figures nos corps d’hommes, là où La Fontaine leur prête voix. Le corps des interprètes se mélange à ceux des marionnettes ; c’est le corps même des marionnettistes qui dessine celui de la marionnette. Pour danser cette rencontre improbable, pour danser la question de la liberté et du choix.


« Le lion et le moucheron » Texte de Mathieu Bonfils
« Le Lion et le Moucheron » raconte la force des faibles et des puissants. La Fontaine marque un écart gigantesque en utilisant le lion, qui a cette prestance du roi des animaux, et le moucheron, petit insecte vulnérable et inoffensif. Il questionne ici, et avec deux autres fables qui suivent, le rapport à l’autre, au plus petit et au plus grand. Le petit finit par vaincre, ou aider le grand, le fort. Ce qui varie, c’est l’attitude de ce dernier. Le moucheron attaque en réponse à une attaque. La Fontaine pose la question de comment nous vivons ensemble, comment l’attitude d’un individu modifie le comportement ou la réaction d’un autre. Comment se comportent les puissants ? Comment agissent les plus faibles ? Quelle place tient la parole et l’attitude de chacun dans une société ? Et comment réagissent à cela ceux qui nous entourent ? Les fables de La Fontaine sont virevoltantes, énergiques, engagées. Nous chercherons dans le travail avec la marionnette, cette énergie vive et imaginative qui ouvre un questionnement sur notre façon de vivre ensemble. Avec l’humour d’un Tex Avery, la poésie de Jean de La Fontaine, la truculence et la finesse de la marionnette contemporaine, nous chercherons à faire valoir l’idée qu’on a souvent « besoin d’un plus petit que soi. »

Notes

[1] Le pouvoir et la parole dans les Fables de La Fontaine

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