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Après grand c'est comment ?

+ d'infos sur le texte de Claudine Galea
mise en scène Marion Chobert

: Note d’intention

« Après grand c’est comment ? » est un projet pour prendre le temps d’interroger notre rapport au réel, à travers les yeux d’un enfant qui réclame le droit au silence, à la rêverie et à la contemplation.
C’est une véritable grève de la parole qu’entame Titus, 7 ans, une entrée en résistance radicale et sans concession contre le monde des adultes et leur rythme effréné, face à ces mots qui sonnent creux et qui semblent avoir pour seule fonction, d’organiser le réel.


L’écriture de Claudine Galea nous fait entrer dans le monde intérieur de Titus, et redonne à la langue toute sa puissance d’évocation et d’invention. Sous le regard de Titus, les adultes se perdent dans une énumération sans fin des tâches du quotidien, ils s’agitent et s’impatientent, et passent à côté de l’essentiel. De son côté, Titus provoque une avalanche de questions, réinvente les mots, s’attarde sur les détails, dialogue avec les objets et les rêves, papillonne…


En bref, Titus nage à contre-courant de ces Grands qui veulent le « capturer », le normaliser, et sur qui le silence et la lenteur du petit garçon agissent comme une véritable onde de choc, capable (parfois) de les ébranler dans leurs habitudes et certitudes.
Sa présence silencieuse au monde résonne comme un cri « peterpanesque » pour réenchanter le quotidien, pour mordre la vie avec les dents de ceux qui ne sont pas encore devenus grands, car après grand…


Avec ce projet, nous nous saisissons de ce cri poétique lancé par Claudine Galea, pour nous questionner sur notre rapport au temps et au langage, nous qui jonglons avec le réel à en perdre haleine, nous qui parlons souvent pour ne rien dire.
Pour interpréter ce poème dramatique mis en scène par Marion Chobert, nous avons choisi de réunir un comédien et un jongleur.


Pierre-Antoine Rousseau prend en charge l’ensemble des voix du texte (Titus, le père, la mère, le maître d’école, les enfants, l’escalier...) qu’il interprète non pas en tant que personnages distincts mais comme un flot de paroles et pensées qui traversent l’esprit de Titus. Lorsque les voix proviennent du monde extérieur, elles sont souvent intrusives, dérangeantes, mais elles sont toujours filtrées dans l’interprétation du comédien par les ressentis et émotions du petit garçon. Le comédien prend ainsi le statut de passeur pour le public du monde intérieur de ce personnage muet, dont il constitue un double « parlant ».


C’est le jongleur, Vincent Regnard, qui donne corps au personnage de Titus. Avec ses balles de jonglage, que nous mettons en scène comme une métaphore de ses rêveries, l’enfant invente silencieusement et à l’abri des regards son propre langage avec le monde. A travers le jonglage, Titus cherche sans relâche un nouvel équilibre dans une réalité tous azimuts à laquelle il tente d’insuffler une apesanteur, au point de ne pas parvenir à poser les pieds au sol, tant la terre représente pour lui l’espace dangereux du quotidien. Progressivement, il parviendra à réconcilier le ciel, monde des oiseaux et de l’imagination, avec la terre qu’il investira progressivement, à sa manière.


La scénographie met en jeu ce parcours du personnage, amené à se construire, à grandir, à se dépasser. Elle représente au début l’escalier sur lequel il se réfugie pour rêver, puis devient véritable jeu de construction géant qui se déploie et se réinvente au fur et à mesure du parcours de Titus. Ces formes géométriques en bois permettent à l’enfant de ne jamais toucher terre, de rester radicalement voire désespérément accroché à son monde intérieur, jusqu’à réussir à poser un premier pied, puis un second pour entamer non pas une marche mais une véritable danse sur la musique de Stéphane Scott.

Marion Chobert et Vincent Regnard

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