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Al Atlal (Les Ruines)

Matthieu Cruciani ( Mise en scène ) , Sharif Andoura ( Conception )


: Le Spectacle

Al Atlal, Om Kalsoum…ou comment tout part d’ une chanson …


Cela fait plusieurs années que j’ai envie de créer un projet théâtral en arabe et en français, pour tisser des liens sur un plateau entre ces deux cultures qui me fondent : en effet, je suis né d’un père syrien et d’une mère belge. Cependant, ayant grandi en Belgique dans un environnement francophone, je n’ai véritablement appris la langue arabe qu’à l’âge adulte, pour mon plus grand plaisir intellectuel et personnel. C’est alors que la musique de cette langue m’est «revenue», car si je l’avais toujours entendue dans mon enfance, je ne la parlais pas.
Ce parcours, biographique et linguistique, m’a conduit sur les pas d’Om Kalsoum, chanteuse mythique du monde arabe, figure féminine majeure du 20ème siècle méditerranéen.
La redécouverte d‘une de ses chansons, « Al Atlal », « Les Ruines », chanson-fleuve à l’immense portée dans le monde arabe, qui parle des ruines d’un amour et d’une nécessaire libération, m’a donné l’idée de créer un projet théâtral avec un musicien où cette chanson serait croisée avec d’autres textes sur cette thématique des ruines et des ravages du temps, un projet qui mêlerait des extraits en français et d‘autres en arabe, cette langue si belle et si rare sur nos plateaux.


Une chanson qui fait corps...transformation en Om…


L’autre idée principale est de me transformer progressivement en Om Kalsoum, à la silhouette tellement reconnaissable, iconique, et de terminer la chanson sur le plateau. Dévoiler une part du mythe, celle que tout le monde arabe surnommait « la Quatrième Pyramide »… Au début de sa carrière, au Caire, elle donnait ses concerts travestie en garçon. Inversion des choses, retournement des codes…
Je propose à Camel Zekri, compositeur et guitariste franco-algérien, d’être à mes côtés pour créer une musique qui se mêlerait à une version en concert d’ « Al Atlal » de 1966 d’une durée d’une heure et dix minutes ; cette version serait notre colonne vertébrale, la chanson s’effaçant parfois derrière la musique de Camel pour réapparaître à d’autres moments.


Les Ruines… ouvrir ce thème, l’interroger…


Les ruines…où l’on peut voir la chute de ce qui a été, la destruction faite forme, mais aussi ce qui reste tout de même, ce qui demeure et résiste…
Parmi les textes qui s’invitent à ce travail, il y a notamment « Le lanceur de dés » de Mahmoud Darwich, où il revient avec humour et douce ironie sur son passé, sur toutes les fois où il a échappé à la mort.
Il se définit à la fois comme un lanceur de dés, qui gagne parfois et perd d’autres fois, mais aussi comme un «lancer de dés » dans les mains du hasard.


En arabe et en français, tisser des liens entre les cultures


Je souhaite qu’il y ait des passages en arabe et d’autres en français dans le spectacle, selon un montage délicat sur lequel je travaille avec Youness Anzane, dramaturge, né au Maroc.
Ce désir vient d’une nécessité : le monde arabe ne nous parvient le plus souvent, ici en France, en 2012, que par la lorgnette très ciblée du langage médiatique, et il m’apparaît urgent de l’aborder à travers un geste artistique: un spectacle vivant où le plateau devient un espace offert à la littérature arabe, dans les deux langues, le temps de la représentation.


Un point de vue sur le jeu, le théâtre


Je n’ai pas envie de proposer un spectacle « militant »; il ne s’agira pas non plus d’une performance dans le style de la stand-up comedy , qui est encore du côté du message, mais concrètement d’ouvrir un espace-temps sensible pour la langue avec les outils du jeu, avec humour, poésie et délicatesse.
De cette manière, raconter un morceau de cette culture si riche à ceux qui ne la connaissent pas ou peu, loin des images convenues habituelles.
De cette manière aussi, convoquer, concerner un public issu des différentes générations de l’immigration au théâtre, briser cette tendance à l’enfermement et du communautarisme.
J’ai pu expérimenter cette approche du jeu, ce rapport au public au présent de la représentation dans « Finnegans Wake » de Joyce, que j’ai joué la saison dernière, au Théâtre de l’Aquarium dans la miseen scène d’Antoine Caubet.
Avec cette idée de ludisme comme principe, de cette forme en mouvement jusqu’à la transformation en Om Kalsoum, j’ai proposé à Matthieu Cruciani, metteur en scène associé à la Comédie de Saint-Etienne, avec qui j’ai travaillé sur « Faust » et « l‘Invention de Morel » de me mettre en scène.

Sharif Andoura

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