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Affabulazione

mise en scène Arnaud Meunier

: Propos du metteur en scène

" Qui peut savoir quelle est la vérité des rêves, outre celle de nous rendre anxieux de la vérité ? "
Julian, in Porcherie de Pier Paolo Pasolini


Comme beaucoup de jeunes gens de ma génération, je ne connaissais l'œuvre de Pasolini qu'à travers quelques films de cinéma et la légende des scandales qu'il avait suscités en son temps.


Comme beaucoup de jeunes gens de ma génération, j'avais la bêtise ou la naïveté de croire que cet artiste italien était un intellectuel ombrageux et austèrement dialectique dont l'œuvre ne pouvait être qu'hermétique et réservée à une élite grisonnante.


J'avais tort.


Le choc de la rencontre avec l'écriture pasolinienne m'est venu avec le travail de Stanislas Nordey sur Porcherie.


Comme dans les grandes histoires d'amour, je suis alors resté muet et bouleversé. La force de la langue, l'immense poésie qui inondait d'une belle générosité ce que je croyais être une écriture aride et dépassée a peu à peu alimenté chaque jour une passion dévorante qui m'a poussé à me gorger des écrits de Pier Paolo Pasolini.


Son théâtre a presque été écrit dans un seul et même geste.


Chaque pièce étant une part du mystère de son œuvre.


Un Pasolini convalescent, confronté à l'angoisse de la mort, se livrant dans six confessions sublimes d'universalité et de sincérité.


Affabulazione raconte l'histoire d'un père dont la vie bascule après un rêve. Ce rêve, violent, soudain et inattendu lui donne l'irrépressible envie de donner une réalité à son rapport avec son fils, de dépasser sa haine, son rejet. Ce désir est poussé à son paroxysme puisque physique et charnel.


Mais beaucoup plus que d'homosexualité, il s'agit bien d'une rédemption, d'une mue, d'une seconde naissance. Car cette Affabulazione est aussi celle d'un fils et d'un père-fils qui, comme tous les fils, espèrent un jour voir leur père biologique se muer en un père spirituel.


L'amour, la transmission, la violence du rapport filial mêlés aux obsessions pasoliniennes, christiques et dialectiques font d'Affabulazione une œuvre rare. Une œuvre où la langue jaillit, où la poésie irradie les archétypes désormais connus de la psychanalyse.


Il ne s'agit pas ici d'incarner, car il n'y a ni psychologie, ni réalisme dans cette pièce, mais bien de transmettre physiquement la poésie et la sensualité du poète qui résonnent encore au plus profond de notre intimité et de notre mystère.

Arnaud Meunier

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