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Affabulazione

mise en scène Stanislas Nordey

: Propos du metteur en scène

Propos recueillis par Michèle Pralong, janvier 2014

– Si j’oublie «La Dispute», que je peux considérer comme un travail d’étudiant, comme une toute première recherche, j’ai commencé ma vie de metteur en scène avec Pasolini, avec «Bête de style». J’ai compris grâce à ce travail, grâce à ce poète, ce qu’était pour moi la nécessité de faire du théâtre. J’ai compris qu’au théâtre, on travaille sur une énigme et qu’au moment de la représentation, l’énigme est toujours là. On la partage avec le spectateur. Non pas que Pasolini soit obscur : son théâtre se déploie en une succession de clartés et d’obscurités et il s’agit de traverser ensemble cette alternance pour y faire son propre chemin.


– Le regard lumineux de Pasolini sur les Grecs, son amour pour ce passé et nos mythes, la manière dont il les réactive, cela me porte à mon tour. Dans «Affabulazione», il prend appui sur Sophocle et Eschyle et renverse les perspectives avec ce fils parfait et ce père infanticide. Pasolini met en question certaines situations indépassables de nos vies, des lieux d’incandescence absolue, sans jamais donner de solution.
«Affabulazione», c’est donc un père. Il m’a fallu du temps pour y arriver, pour penser pouvoir entrer dans cette figure. Jusque-là, j’ai fait beaucoup de fils. Il faut dire que depuis 3-4 ans, je suis à nouveau davantage dans la fonction metteur en scène/acteur. Cette position me semble importante et je tente de l’investir pleinement. Ce qui me met dans une logique interne me permettant peut-être d’incarner un père. Sans parler de ma position de pédagogue à Rennes durant une dizaine d’années, qui relève aussi de l’antériorité et d’une certaine autorité. Dans mon parcours artistique, je suis en quelque sorte passé de fils à père.
Je dois dire enfin qu’il m’a fallu du temps pour approcher ce texte parce qu’au Théâtre Gérard Philippe, nous avions produit la mise en scène d’Arnaud Meunier, avec Frédéric Leidgens en père. Et je continuais à voir cet acteur magnifique dans le rôle.


– J’y reviens maintenant parce que je sais que je dois montrer, montrer tout Pasolini, chacune de ses six pièces. J’en ai déjà mis en scène quatre et j’ai joué dans «Orgie». Je dois m’affronter aujourd’hui à «Affabulazione». Ce projet Pasolini est en moi, c’est un projet sans fin, en quelque sorte, parce que cet auteur me nourrit absolument. Sa fréquentation m’est essentielle. J’aimerais aussi faire quelque chose avec son roman «Petrolio» et avec un long poème très peu connu de lui : «C». Ce qui permettrait de créer une sorte d’inversion de l’idée qu’on a de Pasolini et de son imaginaire, puisque c’est un texte sublime sur le sexe féminin. C’est un poème qui met à bas ce qu’on a pu dire de sa misogynie.


– J’aime le souffle d’une langue, ses moindres soupirs, ses verbes, ses temps, ses rythmes. Quand je parle de la musique de Pasolini, il faut l’entendre au sens littéral. La traduction de Michèle Fabien et Titina Maselli est très belle, je l’ai beaucoup lue et elle me porte. J’ai pourtant commandé une nouvelle traduction à Jean-Pierre Manganaro, partant de l’idée qu’un texte doit être retraduit régulièrement, on dit parfois tous les dix ans.


– J’ai montré un spectacle une seule fois à Vidy, c’était «La Conquête du Pôle Sud» de Manfred Karge, et dans ma mise en scène, il y avait un extrait de «Qui je suis», de Pasolini. Ainsi, mon passage dans ce théâtre était déjà marqué par cet auteur.

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