Antoine Lemaire s’intéresse aux histoires d’amour qui finissent mal, en général ! Depuis 2008, il explore un théâtre de l’intime. Après notamment L’Instant T, qui racontait une séparation et l’adaptation de L’Amant de Lady Chatterley, le voici à l’orée d’un chef-d’oeuvre du roman sentimental, Adolphe de Benjamin Constant. Adolphe, jeune homme désoeuvré, décide d’entreprendre la conquête d’Ellénore, une femme très belle et vulnérable de dix ans son aînée. Ellénore lui cède et pour lui renonce à tout. Mais déjà Adolphe aime moins. L’idée de la faire souffrir lui est pourtant insupportable. Dans ce marivaudage tragique implacable, Benjamin Constant éclaire avec un mélange de cynisme et d’ironie les méandres de la passion amoureuse.
Le spectacle se veut tout entier concentré sur l’analyse psychologique, la mise en lumière des mouvements intérieurs et des émois des protagonistes. L’adaptation alterne entre des moments de récit des événements passés et des monologues intérieurs exaltés, traduisant les angoisses des personnages, leurs doutes et revirements successifs. Le drame se joue dans un espace double : la scène, lieu de la narration est parsemée de micros et cernée par des écrans vidéo. Ce puzzle d’images et de sons livre les confessions d’un homme et d’une femme en lutte contre les lois de la société et contre eux-mêmes.
Aimer sans retour, souffrir d’être aimé avec passion quand on n’aime plus. Cette partition subtile est confiée à deux comédiens issus de l’EpsAd (École Professionnelle Supérieure d’Art Dramatique de Lille), Chloé André et Sébastien Amblard, un jeune homme et une jeune femme d’aujourd’hui plongés dans des douleurs inconciliables et intemporelles. Adolphe ou le théâtre comme catharsis à la confusion des sentiments !