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Actes sans paroles 1

+ d'infos sur le texte de Samuel Beckett
mise en scène Dominique Dupuy

: Entretien avec Dominique Dupuy

Entretien réalisé par La brèche, Pôle national des arts du cirque de Basse- Normandie / Cherbourg-Octeville

La brèche : La théâtralité est très présente dans votre parcours. Pourquoi vous être intéressé plus particulièrement à Acte sans paroles de Samuel Beckett ?


Dominique Dupuy : Avec mon épouse Françoise, nous avons assisté à la première de En attendant Godot en 1953 au Théâtre de Babylone à Paris, puis vu la création d'Acte sans paroles par Deryk Mendel en 1957 à Londres. On a tout de suite vécu avec la pensée de Beckett présente. J'ai depuis longtemps eu l'envie de monter Acte sans paroles, pièce qui a été très peu jouée. Tout s'est accéléré il y a cinq ans lorsque Christian Doumet, enseignant de littérature à l'université de Paris 8, m'a demandé de faire partie du jury d'une thèse sur le corps chez Beckett. En acceptant, je me suis replongé dans son oeuvre. Acte sans paroles est une pièce charnière, complètement en rupture car justement sans paroles alors que Beckett est un homme de texte. Et pourtant Acte sans paroles est un acte théâtral pur. C'est ce que je veux souligner dans ma mise en scène.


Lb : Acte sans paroles est une pièce pour un personnage. Vous êtes finalement deux au plateau. Comment les choses se sont-elles précisées ?


DD : Mon idée au départ était que l'on voit la machinerie, la personne qui manipule les fils qui font descendre et remonter les objets. Pour ce faire, je me suis rapproché d'Éric Soyer, le scénographe de Joël Pommerat. À ce stade, j'en étais donc à ce que le rôle du Manipulateur soit un machiniste. Comme je ne pensais pas, au départ, être sur le plateau, il me fallait trouver quelqu'un pour interpréter le personnage de l'Homme ; quelqu'un qui ne soit pas un danseur, pas un mime, mais qui ait un jeu radicalement physique. Pour éviter la pantomime, il faut simplement faire les actes décrits par Beckett le plus physiquement possible, c'est pourquoi j'ai fait appel à un artiste de cirque. Tsirihaka Harrivel m'a été présenté et a tout de suite marché dans l'histoire. Lors d'une discussion, je lui ai fait part de mon inquiétude au sujet du Manipulateur. Je voulais une personne qui ait une présence. Ce sur quoi il me rétorque : « Le Manipulateur, c'est vous ! ». J'étais un peu estomaqué sur le moment mais j'ai trouvé l'idée magnifique.


Lb : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre mise en scène ?


DD : Acte sans paroles est une pièce très courte. Dès les premières séances de travail me vient l'idée de faire deux versions de la même pièce : une première version dans laquelle je suis le Manipulateur et Tsirihaka l'Homme et une seconde version dans laquelle Tsirihaka est le Manipulateur et moi l'Homme. Dans la première, je vais utiliser la virulence, l'acuité, la rapidité des actes de Tsirihaka. La seconde version sera aussi dans l'acuité gestuelle mais avec beaucoup moins d'amplitude et d'effets physiques mais elle sera aussi très corporelle. Ce sera comme une méditation sur le vieillissement d'un corps et la perpétuation du mouvement, du désir et de la possibilité du mouvement dans un corps vieilli. Tous les amateurs de Beckett ont trouvé l'idée formidable car Beckett, dans ses pièces, redouble souvent les choses, il y a beaucoup de répétitions, de redites.

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