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A House in Asia

Ferran Dordal ( Conception ) , Pau Palacios ( Conception ) , Alex Serrano ( Conception ) , Jordi Soler ( Conception )


: Le Spectacle

Le contexte


La maison de Geronimo avait trois étages, deux grandes cours et une petite maison d’hôtes. Toute la propriété était protégée par une enceinte de trois mètres de haut.
Geronimo y vivait avec sa famille. La maison de Geronimo avait trois étages, deux grandes cours et une petite maison d’hôtes.
Elle était protégée par une enceinte de trois mètres de haut. Elle se trouvait à 15.000 km de la première et Matt Bisonette s’y entraînait avec ses compagnons des Navy Seals.
La maison de Geronimo, identique aux deux précédentes, se trouvait à mi-chemin de la première et la deuxième. L’acteur Chris Patt et ses partenaires y ont interprété Geronimo et les Navy Seals.
La première maison a été construite à Abbottabad. La deuxième à la base militaire de Harvey Point, Caroline du Nord. Et la troisième a été construite par Columbia Pictures en Jordanie, près de la mer Morte.
Il y a, aussi, trois maquettes de la maison. Celle construit par la CIA pour planifier et expliquer l’attaque sur Geronimo. La seconde, construite par la société de production filmographique de Zero Dark Thirty, était utilisée dans le film dans le même but.
La troisième est la nôtre et elle se trouve sur scène.


A House in Asia


Aucune maison privée de notre époque n’a été plus étudiée que celle d’Ossama Ben Laden (OBL) à Abbottabad. Et pourtant nous ne connaissons rien de cette maison. Ou nous en connaissons trop. Situées à des milliers de kilomètres de la maison originale, ces copies se sont superposées à l’originale d’Abbottabad et mettent en doute sa réalité. La maison construite en Jordanie pour le film Zero Dark Thirty fait montre d’un hyperréalisme extrême dans tous ses détails. La maison construite en Caroline du Nord avait un intérieur qui pouvait être configuré et changé tous les jours selon les différentes spéculations de la CIA sur l’intérieur de la maison d’origine.
La maison a également été reproduite dans plusieurs jeux vidéo, et notamment dans Second Life, et sa virtualité s’en est vue amplifiée. De cette façon, les copies de la maison d’OBL ne supplantent pas seulement mais remplacent l’originale, se transformant en la réalité que l’originale prétend incarner.


Geronimo


Dans le cadre de l’Opération Neptune Spear, l’armée des États-Unis choisit le nom du leader des Apaches pour faire référence à OBL pendant l’intervention. Ce fait va au-delà de l’anecdote ; c’est le reflet d’une dynamique mentale qui commande le bras armé et médiatique des États-Unis : la dynamique des cow-boys et des indiens. C’est pour cela que, dans A house in Asia, cette ligne argumentaire est interprétée, précisément, par des cow-boys et des indiens, et est racontée sur un ton de western.


La chasse au monstre


Mais, pourquoi cette maison a-t-elle acquis une telle notoriété ? Tout simplement parce que c’était l’antre du monstre. Un monstre qui a déclenché l’opération de perquisition et d’arrestation la plus complexe de toute l’histoire, nous dit-on. Une opération qui est devenue une obsession pour certains et dont les effets secondaires ont changé le monde pour toujours.
Tous ces épisodes trouvent leur parfait reflet dans l’épopée du capitaine Achab et la baleine blanche. Dans son effort pour trouver et supprimer le Léviathan, Achab a moulé le monde selon son cauchemar, sacrifiant tout ce qu’il aimait et tous ceux qui ont choisi de le suivre dans son voyage dans les profondeurs de la haine.
Dans la dramaturgie de A House in Asia se croisent les histoires de la maison d’Abbottabad et de toutes ses copies et des références à Moby Dick et au western.
Tout cela pour créer un nouveau récit qui se veut une couche supplémentaire du réseau des simulacres du réel. Un réseau qui est, en fait, la seule réalité qui existe.


Le dispositif


A House in Asia se manifeste à travers un dispositif qui comprend des maquettes, des vidéo projections, la manipulation de vidéo en temps réel, des jeux vidéo, des mondes virtuels et de la performance.
Le spectacle met en scène une maquette de la maison d’OBL. La maquette représente la maison réelle, mais aussi ses copies. Durant le spectacle, les performers manipulent la maquette de la maison d’OBL installée sur scène. Ils déplient ses murs, montrent son intérieur et recréent la chasse à l’homme, l’entraînement des marines et le tournage du film tout dans un seul espace. Toute cette action est capturée en vidéo, manipulée en temps réel et projetée sur un grand écran. En plus de la vidéo en direct. La dramaturgie audiovisuelle se développe à travers du sample de clips de vidéo documentaire, de fragments de films et autres moyens préenregistrés, créant ainsi une fiction à partir de matériaux préexistants. Dans le déroulement de la dramaturgie nous utilisons d’autres ressources technologiques. Par exemple, il y a une présence notable des jeux vidéo dans le spectacle, avec un simulateur de vol qui nous permet de survoler New York avec un avion de ligne, de localiser les Tours Jumelles dans l’horizon new-yorkais et de diriger l’appareil vers elles.
Ou avec plusieurs jeux de tir qui permettent de vivre en première personne l’attaque des Navy Seals au complexe d’Abbottabad avec pour objectif la mort d’OBL. De plus nous utilisons sur scène des smartphones et tablettes qui fonctionnent comme des surfaces de projection ou comme des instruments de géolocalisation de l’action.


Pour la mise en scène complète, un group de country line dance danse sur le plateau pendants quelques moments de la partie. Par exemple, l’une des rares histoires qui ont Opération Neptune Spear est incluse dans le livre No Easy Day, écrit par Matt Bissonnette la Navy Seal qui a participé à l’opération. Le livre est écrit sous le pseudonyme de Mark Owen, qui par hasard ou non le nom de la chanteuse du groupe britannique Take That. Il ne serait pas surprenant de voir le group de country line danser au retour de Back for good.
A House in Asia est une pièce où l’histoire est racontée directement au public. L’espace scénique est planté comme une salle de danse où plusieurs histoires sont tissées ensemble pour construire un drame unique. On présente des éléments qui jouent en trois coordonnées d’échelle. L’élément micro est le monde en miniature où se reproduisent les différentes histoires et les spéculations sur les maisons. Les performers, qui jouent un rôle de manipulateurs et de narrateurs de l’action, sont l’échelle intermédiaire. Et enfin, les projections de ce monde en miniature, les projections des actions des interprètes et des matériaux extérieurs, transmettent le monde à une échelle macro.

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