J’avais envie d’interroger cet espace particulier qui consiste à dire à un auteur : « Votre écriture nous intéresse, accepteriez-vous d’entrer dans nos contraintes et d’y trouver suffisamment d’enjeux personnels pour vous permettre de rester au cœur de votre désir d’écrivain ? ». A partir de là, comment faire pour que la commande ne soit ni réductrice, ni trop imprécise ? L’idée d’une destination plutôt qu’un sujet m’est apparue plus ouverte ; chaque auteur pouvant déterminer sa propre forme sans contrainte de distribution préalable, sans durée imposée et surtout sans thème pré-établi. Le théâtre voulait juste se positionner dans un rôle incitatif, déclencheur et en aucun cas dans celui d’un passeur de commandes avec obligation de résultats.
Les écrits « attendus » se doivent d’être dans le mouvement même de la démarche poétique de l’écrivain. Je veux inscrire cette commande en dehors de ces parenthèses professionnelles qui se multiplient et qui font courir le risque d’une instrumentalisation des auteurs, à l’écart donc des propositions performances éphémères et ludiques et assez loin des opérations dites d’action culturelle avec auteur associé. Cela ne signifie pas pour autant qu’il s’agit d’une carte blanche pour touristes littéraires. Les auteurs l’ont bien compris puisque tous se sont engagés dans des voies alliant fiction issue de leur imaginaire et échanges concrets avec les pays rencontrés ».
Patrice Douchet
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