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O'Brother Company

O'Brother Company

Type de structure : Compagnie dramatique

Présentation

En 2011, Fabien Joubert réunit à ses côtés Elsa Grzeszczak, Gisèle Torterolo, Jean-Michel Guérin et Clément Bresson – ils seront rejoints par Vanessa Fonte et Paulette Wright – pour former O’Brother Company, fratrie symbolique exclusivement composée de comédiens. Mathilde Priolet est directrice adjointe de la compagnie depuis 2013.

Le plus immédiat, le plus évident, ce qui a vectorisé le projet initial d’O’Brother Company est le fruit d’un triple postulat :

  • comment redonner à nos cadets d’aujourd’hui ( acteurs ou metteurs en scène) ce qui nous fut offert dans le cadre de la permanence artistique au sein de la comédie de Reims sous la direction de Christian Schiaretti ?
  • comment conjurer l’élan d’une économie déplorée impliquant l’implacable amaigrissement des équipes et du temps alloué au travail de plateau ?
  • et comment redynamiser le processus de déterritorialisation tant esthétique que géographique, aujourd’hui raréfiée, impliquant un réflexe d’entre-soi qui entrave le déploiement des potentialités.


Car les conséquences de ce que nous, acteurs, vivions alors comme une fatalité n’étaient pas loin : l’immuabilité, la routine, la nécrose nous guettaient.
Prisonnier d’une vie monadique où ne pénètre pas l’oxygène d’un air nouveau, l’acteur frôle le dogmatisme en ne s’en remettant plus qu’à son expérience ou encore à sa technique et se repaît d’illusions. Sans cette incessante exploration de lui-même par la production d’un autre lui-même, sans cette opération de décillement mené par un nouveau regard, le mirage de la préservation de soi dans une image connue et validée, perdure, et produit son anéantissement. En somme, nous apprenions que le plagiat duquel il était le plus difficile de se départir était le plagiat de soi même. Il nous fallait donc nous désintoxiquer des habitudes qu’on prenait pour une nature, creuser dans le champ des possibles des perspectives inimaginables, en bref : devenir les artisans et les initiateurs de notre propre trajectoire.
Ce constat aboutit à la refondation de l’impulsion artistique : c’est ici O’Brother Company qui, tentée de porter à la scène une œuvre littéraire qui capitaliserait nos urgences (celle de la clarification du monde et celle de la beauté), sollicite un metteur en scène dont le toujours singulier univers répondrait à nos attentes et notre sensibilité.
Les projets sont ainsi pensés conjointement ainsi que la production, démultipliant les possibilités de financement. Les réseaux de diffusion familiers des deux équipes sont aussi croisés, favorisant la lisibilité du travail. En bref, les termes d’une nouvelle économie basée sur les fondements d’une réelle mutualisation sont posés : celle des moyens, certes, mais aussi celle, tant espérée, des intelligences et des sensibilités.
Cette redéfinition du « rôle » de l’acteur n’implique pas de faire sécession et d’inverser une hiérarchie si souvent admise entre le metteur en scène et l’acteur, mais de passer d’une relation traditionnelle verticale à une relation plus horizontale où, chacun à sa place, respectant la place de l’autre, peut lui parler d’égale à égale en allié, en partenaire.

Car faut-il accepter la position passive et souvent attentiste à laquelle on réduit trop souvent l’acteur ? Celui-ci ne peut-il pas être un moteur de la création ? Doit-il attendre que le désir d’un autre vienne l’élire et lui reconnaisse le droit à l’exercice de son métier ? Faut-il définitivement postuler la confusion acteur/employé et metteur en scène/dirigeant ?

Se déterritorialiser, donc, reconfigurer les modalités du labeur, très bien, mais pour dire quoi ? :

Que la loi cruelle de l’art est que les êtres meurent et que nous même mourrons, sédimentant la terre pour que pousse l’herbe drue des œuvres fécondes sur laquelle les générations d’aujourd’hui et de demain viendront faire gaiement, sans se soucier de ceux qui dorment en dessous, leur déjeuner sur l’herbe,

Que nous cherchons

A clarifier le monde, par l’image ou par la langue, le débat sur la forme est secondaire,

A défaire la représentation de nos existences,

A marcher à rebours de notre aveuglement pour en comprendre l’histoire,

A retourner aux profondeurs où ce qui fut réellement gît, encore inconnu de nous,

A faire la lumière sur notre propre et inextricable vie, cette vie que nous ne pouvons observer qu’à travers le filtre déformant de notre subjectivité que nos passions, nos habitudes avaient masquées, pour que la redécouverte de ce qui demeurait derrière cette dissimulation passagère, sonne enfin comme une épiphanie.

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