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Pavel Hak

Tchéque (République) – Né(e) en 1962

Présentation

Pavel Hak, quarante ans, Tchèque d'origine écrivant en français et résidant à Paris, a été découvert par les perspicaces éditions Tristram, où il a déjàsigné deux livres. Du sud de la Bohême à la Ville-lumière, petit portrait en prose d'un écrivain hanté par la violence.

Pavel Hak est un auteur violent et un garçon fin. Violent, parce que ses écrits le sont, comme le montrent sans ambages Safari (Tristram, 2001) et Sniper (Tristram, 2002). Fin, parce qu'une rencontre avec lui suffit à le prouver : tout d'abord, un physique de beau ténébreux élégamment vêtu d'un costume sombre qui pourrait évoquer un dandy des lettres (ou du rock, tendance Tindersticks) ; ensuite une voix, douce, nette, précise, qui cherche ses mots pour donner forme à ses idées. Pas des idées légères, non, des idées plutôt graves. Des idées qui toutes convergent vers un constat primordial, qu'il n'est d'ailleurs pas le seul à faire à l'ère des guerres propres et des génocides-à-deux-heures-d'avion-de-Paris : la technique n'est plus aujourd'hui au service de l'humanité. D'où Safari, promenade africaine sexuelle et sanglante où le fusil, c'est l'homme. D'où Sniper, livre sur la guerre dans un territoire évoquant l'ex-Yougoslavie où le fusil, c'est toujours l'homme.

Né dans le sud de la Bohême en 1962, Pavel Hak a des origines sociales modestes. Fils d'un ouvrier électricien, il entre à l'usine à l'âge de quinze ans. Pas cool, pourrait-on dire aujourd'hui dans un pays où l'on a parfois tendance à croire que la classe ouvrière a disparu et que les usines sont désormais virtuelles, à part peut-être dans la lointaine Asie. Plutôt doué à l'école, il continue de suivre des cours et décroche quelques années plus tard un bac technique, condition sine qua non pour entrer à l'université. Mais à l'époque, la vie intellectuelle dans l'ex-Tchécoslovaquie est plutôt restreinte : la censure sévit, et il est par exemple impossible de se procurer des traductions d'auteurs étrangers. Alors Pavel décide de couper les ponts avec sa terre natale et d'aller voirà l'Ouest comment les choses se passent. Ce sera tout d'abord l'Italie, où il débarque clandestinement, passe quelques mois et rencontre sa femme. Puis la France, auréolée d'un prestige intellectuelà ses yeux. Nous sommes en 1985. Il a vingt-trois ans et ne parle pas un mot de la langue de Baudelaire, celle qui deviendra comme il la définit lui-même "sa langue d'écrivain".

Paris donc. Après quelques mois passés dans la Ville-lumière, Pavel décide de suivre des cours de philosophie en Sorbonne, pour se frotter au monde idées et répondre à ses interrogations existentielles. Il en sortira aux abords de la trentaine titulaire d'une licence et surtout, précieux trésor, avec les bases écrites du français. A l'époque, les idées - celles de Deleuze et de Foucault - l'intéressent plus que la littérature, et il ne s'essaie pas encore à l'art de la fiction.
Tandis qu'il vivote grâce à des emplois subalternes tels que veilleur de nuit - ah, la nuit quand on veille, quand on prend des trains à travers la plaine… -, Pavel réalise quelques traductions, mais aucun réel travail de création littéraire. Et ce n'est qu'à l'âge de trente-sept ans qu'il écrit son premier récit en français. Ce texte, Safari, sera publié aux éditions Tristram, maison qui a eu du flair en lui ouvrant ses portes et dont il parle la gorge nouée, celle de celui qui a longtemps mangé le pain noir du refus.

La marque de fabrique stylistique de Pavel Hak ? Une sorte d'expressionnisme décalé, extrêmement limpide et précis dans sa formulation, qui met en branle des images d'une violence inouïe . Un français qui tinte étrangement - outrance et naïveté mêlées -, mis en état d'alerte maximale par la plume d'un écrivain qui a eu à se l'approprier, à le charger et à le décharger par rafales. Ses obsessions ? La violence et la guerre, "qu'il n'a pas connue personnellement mais qui est l'événement principal de notre époque". Et puis la littérature, qui permet de prendre le pouls du monde tandis qu'il agonise. Tandis qu'un tireur couché qu'on appelle le sniper, figure macabre des impasses politiques de notre modernité, voit la vie moins comme une oeuvre d'art que comme une oeuvre létale.

Eléments bibliographiques et mises en scène :

Safari
Editions Tristram, 2001

Sniper
Editions Tristram, 2002
Mise en scène de Renaud Cojo, 2005

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