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Henri Gougaud

France – Né(e) en 1936

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Présentation

Été 1936, il naît à Villemoustaussou près de Carcassonne, dans le bureau de poste où son grand-père est facteur rural (les lettres, déjà !). Sa mère est institutrice, son père cheminot. Racines paysannes, anarchie et syndicalisme, c’est l’héritage qu’il vivra à sa façon.

La guerre éclate, il a 4 ans. Ses parents s’engagent dans la Résistance. Années grises au goût d’angoisse, et certes pas de contes pour s’endormir le soir.
Mai 44, l’occupant quitte Carcassonne. Joie débordante, bals partout. À côté des danseurs, le grand-père pleure, debout. La vie reprend ses droits et les enfants leurs lieux. Jeux en bande dans les carcasses des vieux engins militaires abandonnés.

Chaque été, Henri et son frère vont en vacances chez les grands-parents maternels dans les Corbières pauvres. On vit pieds nus là-bas. Moissons, vendange familiale, danse des pieds dans les fouloirs, vapeurs de raisin mûr. À la fin août il faut rentrer, se rechausser.

Sur les bancs de l’école il est un élève moyen que les programmes n’enthousiasment pas. Aux problèmes de robinets ou aux leçons d’histoire à la gloire des colonies, l’élève Gougaud préfère de beaucoup questionner les haricots plantés en terre. D’où savent-ils à coup sûr la direction de la lumière ?

14 ans, il est scout, plus exactement Éclaireur de France, par souci de laïcité. On le lâche en pleine nature, en compagnie de 5 garçons. Ils devront se débrouiller seuls pendant 10 jours. Apprentissage rude mais efficace d’autonomie et de débrouillardise.

Années lycée. Si l’ennui persiste dans la scolarité, la vie s’ouvre au dehors. À 15 ans il fait la connaissance de Déodat Roché, qui est ami de ses parents. « Bonjour, troubadour ! », dit le vieux sage en l’accueillant. Il fréquente René Nelli en dehors de ses cours de philosophie. Il rencontre des amis du poète Joë Bousquet, des artistes, des chercheurs. Ces relations nourrissent le poète qu’à 15 ans il s’est juré d’être.

Dans la ville rose il se lie d’amitié avec le milieu anarchiste : Marc Prévôtel, un certain Pierre, homme d’une totale générosité. Floréal, résistant espagnol exilé – le combat continue de l’autre côté des Pyrénées. Il met en scène Brecht, avec une troupe de théâtre formée d’anarchistes de la CNT.

Avec Marc Prévôtel qui l’a amené au Monde libertaire, il monte à Paris, où il rencontre Maurice Joyeux et Suzy Chevet. Dans ses bagages sont sa guitare, et les chansons qu’il a composées.

En 1959, alors qu’il est censé finir ses études à Lyon, il est engagé par le Cirque Robba qui a l’idée saugrenue de « moderniser » son spectacle en y adjoignant un chanteur. Il chante donc tous les soirs quatre chansons et présente les numéros.

Décidé à rester dans la capitale, il fait la manche dans les restaurants, découvre la « Rive gauche » et ses cabarets. Léo Noël l’engage à l’Écluse. Il partage désormais la scène avec Christine Sèvres, Gribouille, Barbara, Marc et André… Climat exaltant. C’est une famille sans motivation commerciale, on y compose des chansons sur un coin de table en essayant de faire au plus beau. Il fait de la chanson comme on fait de la poésie. Il n’est pas chanteur, mais homme qui chante. Nuance. Un jour il a l’occasion de proposer des chansons à Serge Reggiani, Paris ma rose est choisie.

Quand les autres commencent à chanter pour lui, il cesse de se produire, car son désir est avant tout d’écrire. Jacques Bertin, Gribouille, Christine Sèvres, Juliette Gréco, Jean Ferrat, Lise Médini, Martine Sarri, Colette Mansard, Marc Ogeret entre autres chanteront ses chansons.

Vient le grand vent de 68. En 1969 il crée avec des amis une maison d’édition, Bélibaste, qui publiera sa traduction des Poèmes politiques des troubadours et divers textes anarchisants comme les Lettres de prison de Rosa Luxemburg.

En 1973 il publie « Démons et merveilles de la science-fiction ». Invité sur France Inter par Claude Villers pour présenter son livre, il débute avec lui une chronique de science-fiction (Pas de panique) et commence à raconter des histoires (Marche ou rêve). Viendront Le grand parler, puis Ici l’ombre, et Tout finit par être vrai. Des bibliothécaires lui demandent de venir raconter. De lui-même il n’y aurait peut-être pas songé.

À partir de ce moment, il décide de ne plus faire qu’écrire. Un recueil de nouvelles fantastiques (Départements et Territoires d’outre-mort). Des romans, des recueils de contes et de légendes, un Almanach.

Il conte, aussi. Ses soirées s’intitulent Le grand parler ou Contes des origines. Dans Beau désir, il exalte, avec les contes dits « paillards », la jubilation de la vie.

S’il se rattache à une lignée, c’est celle des saltimbanques, ces gens intemporels capables d’improviser une scène sur un bout de trottoir. Libertaire définitif, il invente sa vie tous les jours. Il dit : « Les contes m’ont nourri toute ma vie, ils m’ont fait ce que je suis. Comment ont-ils fait ? Je l’ignore, c’est leur secret. »

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