Dramaturge, metteur en scène et pédagogue de théâtre, Anne Sicco est d'abord une femme de vision profondément reliée au mouvement surréaliste et à l'utopie qu'il a représenté. C'est à Max Ernst qu'elle a emprunté le titre du tableau "L'Oeil du silence" pour fonder sa compagnie.

Anne Sicco est née à Cahors. Son enfance à Paris lui fait découvrir l'écriture par son père, professeur de Lettres et ami des poètes. Adolescente, le théâtre est l'occasion de sorties familiales. Au T.N.P, tout se mêle: Vilar, Brecht, le grand rassemblement populaire du public fervent, le jeu de l'illusion et du masque, de l'être et du paraître. L'oeuvre est transmise par un passeur, le comédien.

À dix-neuf ans, Anne Sicco rencontre le mime Marcel Marceau et découvre à travers lui la poétique du silence et de l'invisible. En 1978, celui-ci, directeur de l'École Internationale de Mimodrame de Paris, lui confie la direction de la classe expérimentale. Elle se met alors à explorer le silence et l'écriture des corps et fonde sa compagnie: "Le Théâtre de la Sphère". Huit ans plus tard, elle passe le relais, quitte Paris pour s'installer avec sa troupe de quinze comédienNEs d'abord en Italie à Florence puis à Anglars-Juillac dans le département du Lot où elle fonde avec François Klère "L'Oeil du Silence" en investissant les locaux d'une ancienne école ménagère sur un magnifique site en pleine nature,

Elle continue de présenter ses créations en France et sur les grandes scènes européennes. Sa compagnie a notamment été invitée en création au "Festival des Nations" à Francfort par Thomas Petz, a été produite par Nele Hertling à la manifestation d'avant-garde "Mythos Berlin" pour le 750ème anniversaire de la capitale. En Italie, elle a été accueillie en résidence par Jerzy Grotowski dans son Centre de recherches de Pontereda, par Gaston Fournier dans ses Chantiers d'Art de Montepulciano où Anne Sicco rencontre le metteur en scène allemand Peter Konwinchny pour le projet sur l'Orfeo de Gluck à l'Opéra de Halle, et l'écrivain italien Asor Rosa avec qui elle partage une réflexion sur l'esthétique du ralenti; En Allemagne de l'Est par Jochen Sandig pour des résidences de création au "Tacheless" berlinois; En France par Gérard Gelas au Théâtre du Chêne Noir à Avignon; Par Daniel Mesguich au CDN-TGP de Saint-Denis où la dramaturge retrouve le cinéaste Iradj Azimi et rencontre pour la première fois Jean-Jacques Lemètre du Théâtre du Soleil avec qui elle travaillera à de nombreuses reprises.

Pédagogue et chercheuse, elle a enseigné le théâtre au sein de son école dans le cadre de sessions annuelles de formation de l'acteur jusqu'en 2013. Elle a conduit de nombreux stages en France et à l'Étranger notamment dans les Universités de Toronto et de Chicago. Elle a fondé et dirigé à Venise, au coeur du Lycée Marco Polo, le premier "Laboratoire de Théâtre de la Jeunesse" sur une mission de l'Unesco et a participé comme dramaturge à l' "International Seminar on Art: Tolerance and Intolerance" organisé par les Nations-Unies.

Elle prend en 2010 la direction artistique du Nouvel Espace Appia, ancienne friche transformée en scène contemporaine au coeur du vignoble lotois.

En 2011 elle adapte et met en scène le très beau texte de Vénus Khoury-Ghata " À quoi sert la neige?" programmé à "Lettres d'Automne" à Montauban, à l'Espace Pierre Cardin à Paris, à la Fondation Saint-John Perse d'Aix-en-Provence puis à Tarbes au Théâtre des Nouveautés dans le cadre de la manifestation littéraire de Guy Rouquet "Les Ateliers Imaginaires". En 2014, elle intègre le Centre International de réflexion et de recherche sur les Arts de la scène fondé et dirigé par Françoise Quillet.