La scène se passe sur la première plate-forme de la tour Eiffel. "Tiens, une autruche", dit le phono numéro deux. "Ciel ! une dépêche", dit le phono numéro un. C'est alors qu'un photographe tente de fixer les images du couple qui se marie là ce jour-là… Une série de personnages surgissent. Seuls parlent les phonos. Cocteau écrivit en 1921 cet exercice inégalé de théâtre surréaliste, où figure l'une de ses phrases clés : "Puisque ces mystères me dépassent, feignons d'en être l'organisateur". Cette œuvre, d'un esprit si français, est revisitée - sans qu'un seul mot n'y soit changé - par une équipe réunissant des acteurs réunionnais, namibiens et français. La fantaisie de Cocteau renaît dans l'imaginaire de l'hémisphère austral. Consciemment ou non, le poète semait ça et là des références africaines. Prenant ces fantasmes à la lettre, les artistes de l'Océan indien réinventent la tour Eiffel et ses habitants dans le désert de Namibie.

Deux civilisations s'entrechoquent en harmonie dans un spectacle aussi musical qu'à la création et d'un jeu sans doute encore plus physique qu'en cette soirée de 1921 où Les Mariés de la tour Eiffel firent hausser les épaules du public bourgeois.