Fable
Comment la mort imprévue d’une personne retenue vient déranger un dispositif de pouvoir qui vise à assujettir le corps de cette personne et à nier son histoire. A travers les prises de paroles alternées et les récits de différents agents d’un centre de rétention, le texte explore le fonctionnement singulier de la rétention, constitué de règles et d’arbitraire, de bavures et de micro-disciplines. Il remonte la journée d’un corps « retenu » depuis l’application d’un rite funéraire jusqu’à la fouille policière qui inaugure l’entrée dans le dispositif.

Intention
« Comment ça fonctionne ? » Le texte « Zone de vie » vise à mettre à jour,  « révéler » le fonctionnement d’un dispositif social à partir d’un événement -la mort d’un homme-, qui vient subvertir sa logique aveugle. Quand toutes les vies des retenus deviennent des exceptions à la règle, c’est l’exception qui devient la règle, et c’est l’arbitraire, non plus le droit, qui devient l’indice du pouvoir. Il n’est pas nécessaire de « noircir le trait » et de prêter aux agents du dispositif (policiers, chef de centre, infirmière, agent d’entretien, cuisinière, employé de la préfecture…) des intentions ou des comportements répressifs ou fascisants. Il suffit de montrer comment ils font leur travail, juste leur travail, concernant la vie mise en suspens d’une personne placée en rétention et par là rendue vulnérable. Leurs paroles entrecroisées permettent de reconstituer ce qui se passe, non comme le déroulement d’un mécanisme réglé à l’avance, mais comme une adaptation aléatoire à des usages et à circonstances données. Le choix du retour en arrière comme mode d’exposition vise à éviter toute forme de suspens ou de pathos et à souligner la discontinuité des actions et des points de vue.