Will I see you again parle de perte, d’instabilité, de solitude mais avant tout du besoin vital de créer.

Cette création est le premier volet d’une trilogie qui s’articule autour de la matérialisation de l’intime, du dévoilement de soi, de la mémoire et du concept d’impermanence, concept valable pour toute chose qui finit par s’user, se détériorer et disparaître – envisager le monde comme un mouvement perpétuel où tout est en constante mutation. Le deuxième volet s’intitulera La mécanique nue qui questionnera mon rapport au consumérisme sexuel à travers les rencontres que j’ai pu faire ces deux dernières années, autour des thèmes de l’attachement, du risque, du besoin, de la dépendance et du pouvoir. Quant au dernier volet, Son of a butcher, il questionnera mes origines au travers les figures du père et de la mère. Un projet autour de l’enfance, de la terre, de l’amour et du prolongement.

Pour Will I see you again, ma recherche plastique se compose de plusieurs peintures grands formats sur lesquelles j’ai créé mes bêtes, mes créatures migratoires, liées au temps, à l’effort et à la persévérance. Je me suis souvenu des noirs intenses, des blancs lumineux, des roches menaçantes, du vide vertigineux. J’ai conçu en collaboration avec Carlos Garcia-Godos Caceres, une table entièrement modulable symbolisant mon espace mental qui permet de déconstruire puis reconstruire l’espace scénique. Mon espace mental sera aussi matérialisé par le design sonore, créée par Esteban Fernandez. Les lumières de Sophie Lepoutre traduisent la période du solstice d’été et l’absence de nuit que j’ai vécu en Islande. Muriel Bourdeau, chorégraphe et plasticienne, m’accompagne en tant que regard chorégraphique sur cette création et Magda Kachouche et Rodrigo Garcia en tant que regards dramaturgiques.

Sur scène, j’ai constamment besoin de réinventer des choses, d’affronter le danger et le risque pour que je sois à un endroit de vérité. Will I See You Again porte une réflexion sur nos libertés individuelles ou comment être acteur de sa propre vie.

Interview réalisée par Patrick Beaumont