"Et s’il y a méprise sur la nature de ce que nous vivons ce soir ? Si je vis quelque chose d’extrêmement sentimental et d’émotionnellement décisif et s’ils ne passent qu’un moment agréable, voire sympathique, s’il y a méprise sur l’enjeu général de cette fête ? S’il y a un mauvais calibrage entre eux et moi, si j’ouvre trente fois mon cœur et qu’ils le referment poliment trente fois, si j’ouvre trente fois mon cœur et que trente fois ils le mangent ?"

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Une femme se tient debout. Tout est prêt pour la fête. La musique boucle depuis une heure, un an, dix ans. Elle attend la venue de trente hommes qu’elle n’a pas invités. Trente hommes qui n’existent peut-être pas. Elle espère, elle redoute. Elle tient debout. Sa parole se dévide en spirale. Ça parle peut-être d’injonction à plaire. Ça parle peut-être d’une mère violente. Ça parle peut-être d’anorexie. Ça parle peut-être de viol collectif. C’est peut-être quelque chose de très grave ; peut-être quelque chose de pas grave. Et ce n’est peut-être rien de tout ça ; juste du dire – qui permet de tenir debout.