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Valparaiso

+ d'infos sur le texte de Don DeLillo traduit par Dominique Hollier
mise en scène Andrea Novicov

: Présentation

L’histoire


C’est d’une histoire aussi anecdotique qu’improbable que se nourrissent les deux actes qui composent "Valparaiso" de Don DeLillo. Celle d’un homme ordinaire, Michael Majeski, qui part un matin pour un voyage d’affaires à Valparaiso dans l’Indiana, et qui, après un enchaînement de quiproquos, finit par atterrir à l’autre extrémité du continent, à Valparaiso au Chili.
Le premier acte nous offre un catalogue d’approches journalistiques possibles de “l’exploit" accidentel de Michael. De film documentaire en émission radiophonique en duplex, ces différents récits de la même histoire, tout en nous familiarisant avec certains aspects de la vie quotidienne de Michael et de son épouse Livia, tentent d’identifier la cause originelle de cette mésaventure insolite.
Le deuxième acte, dont l’action se situe un peu moins d’une année après celle du premier, montre "l’aventure" de Michael devenue le sujet d’un reality show en direct, présenté par la toute-puissante Delfina Treadwell et programmé l’après-midi. Difficile de savoir si l’on est au stade de la perte de notoriété ou au sommet de celle-ci, mais, quoi qu’il en soit, cette fois la quête obsédante d’une éventuelle vérité cachée au cœur de l’incident, entraîne les personnages dans une spirale destructrice.




Le traitement


Un des principaux intérêts de "Valparaiso" est peut-être la façon dont l’anecdote est instrumentalisée plutôt que développée. En effet, l’insignifiance même de l’événement dont il est question permet d’en exploiter une multiplicité de facettes, à commencer par la question même du déplacement. Car si la variété de récits entrecroisés, qui peuvent être vus comme autant d’ébauches de représentations possibles d’une même histoire, donne forme à la pièce, son contenu est essentiellement fait d’atmosphères aéroportuaires aliénantes et de questionnements récurrents quant à l’identité corporelle des différents personnages.
"Valparaiso" explore abondamment la récupération, à tout prix, d’un vécu individuel par des médias avides "d’histoires vraies", mais ici, et c’est un des principaux intérêts de la pièce, la notion de victimisation si souvent associée à ce type de dérives médiatiques, est problématisée au point de ne plus savoir qui, de Delfina ou de Michael, manipule l’autre. Et DeLillo, malgré une peinture particulièrement mordante de l’univers télévisuel, se garde bien de porter un regard moralisateur sur ce duel, préférant exposer, depuis la distance offerte par une langue aussi répétitive que rythmique, l’incompréhension et l’absence de communication vraie.
C’est d’ailleurs l’auteur lui-même, dans un texte de présentation écrit avant la première publication de la pièce, à l’occasion de sa première mise en scène aux Etats-Unis, qui nous offre peut-être un des meilleurs angles de lecture.





A la recherche de Valparaiso
Don DeLlillo



Un homme part pour un banal voyage d’affaires dans une ville dont le nom est partagé par deux ou trois autres villes dans le pays et trois ou quatre autres dans le monde.


Voilà ce que j’avais en tête au début des années 1990 lorsque je me suis mis pour la première fois à travailler sur une pièce sans titre. Ça ne s’est pas bien passé. J’ai assez vite mis le travail de côté pour entreprendre une marche forcée de cinq ans qui produirait un long roman avec une temporalité, un lieu, des personnages et des thèmes n’ayant aucune relation avec la pièce de théâtre sans visage qui palpitait dans une boîte quelque part.


Quelque temps plus tard j’ai fini le roman, et j’ai jeté un œil circonspect sur la pièce. Il n’y avait pas grand chose. Essentiellement des bouts de dialogue pour des moitiés de scènes de l’acte 1 et quelques notes sur papier ministre jaune pour l’acte 2. Mais il y avait assez de matière pour tendre mes sens vers l’impulsion qui avait été à l’origine de la pièce. Et après tant de temps passé ailleurs, dans une autre discipline, avec des exigences très différentes, j’ai vu la pièce dans une distance cristalline. Je l’ai vue, soudainement, nette.


Je ne crois pas avoir gardé un seul mot de cet effort précoce. Mais l’idée centrale n’a pas changé. Elle a simplement trouvé un chemin plus pur sur la page.


Un homme part pour un banal voyage d’affaires et lorsqu’il revient tout est différent. La façon dont lui et sa femme se parlent. La façon dont ils se disent des choses, en public, qu’ils n’oseraient jamais se dire en privé. La façon dont des choses sont dites expressément pour être oubliées.


Les gens ont dans ce monde des besoins et des désirs modelés par la technologie.


La façon dont rien n’est autorisé à passer inaperçu. La façon dont rien n’est laissé non-dit. La façon dont les choses existent uniquement comme du métrage en attente d’être filmé.


Le roman "Outremonde" traite des années de Guerre Froide aux Etats-Unis. La pièce, semble-t-il, est une tentative de comprendre ce qui se passe dans la culture maintenant que ces années sont passées.


Il y a un Valparaiso dans l’Indiana, un en Floride et un au Chili. Est-ce important que la prononciation du nom soit différente dans chaque cas ? Est-ce important dans lequel de ces Valparaisos l’homme dans la pièce finit par arriver ?


La façon dont tout se fond continuellement en autre chose, comme guidé par un doigt sur une télécommande.de télévision.


L’homme effectue le voyage le plus moderne qui soit, suivi par des millions, vers les lieux secrets de l’identité et de la transcendance.


American Repertory Theatre
http://www.amrep.org/past/valparaiso/valpo1.html
Traduction française, Pedro Jimenez-Morras, mars 2007

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