Anna Gaïotti et Tatiana Julien se sont rencontrées lors d’une carte blanche. L’univers plastique, incarné et sensible de la première s’est ainsi mêlé à l’univers fougueux, expansif et in situ de la seconde. Ce fut une rencontre importante, de celles dont on se dit qu’il faut aller plus loin et donner corps à cette synergie féminine. C’est ainsi qu’est né un nouveau projet commun, un duo chorégraphique intitulé Une nuit entière. Dans ce temps dénudé, l’aube caresse deux femmes qui se contorsionnent. L’espace de jeu est circulaire, comme un foyer autour duquel on se réchauffe, ou comme ces villages en cercle que des communautés de femmes ont bâtis. Ici, le foyer est ce double corps d’où émanent des chants étranges. Deux femmes — deux flammes — racontent de leurs gestes imbriqués la mémoire tentaculaire des chimères et des déesses tueuses. Elles sont un cirque à elles-mêmes, charnel et sensuel. Elles brisent déjà la forme féminine que la société voudrait leur imposer.