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Une Maison en Normandie

+ d'infos sur le texte de Joël Dragutin
mise en scène Joël Dragutin

: Note d’intention

Chacun d’eux est venu, sans grand enthousiasme, mais mu par « l’espoir de parvenir ensemble à élaborer un projet qui les impliquerait tous : maison de vacances à partager et à gérer entre amis... espace de rassemblement artistique et festif, ferme bio high-tech, centre de remise en forme, placement lucratif immobilier…
Au fil du week-end, ces projets « s’ensablent » les uns après les autres dans une fatigue du désir qui saisit peu à peu les personnages et contamine le langage même, jusqu’à la proposition finale de « mise à plat » de l’édifice ! Une solution spéculative, faute de mieux, faute d’y croire vraiment, faute d’envie de s’investir, de gérer le collectif…
Et pourtant, chacun, selon sa génération, ses origines sociales, son parcours individuel, est en quête « d’autre chose », de rêve d’autres possibles. Il y a ceux qui se réfèrent encore à des credos mythiques ; ceux qui, par fidélité à une tradition, perpétuent des valeurs issues d’un autre temps ; il y a ceux qui ont lâché prise avec les exigences intellectuelles ou éthiques pour se contenter de gérer le présent ou ceux qui se sont réfugiés dans une perception immédiate, émotionnelle et purement ludique. Il y a ceux, enfin, dont l’énergie balbutiante mais authentique préfigure un monde en gestation, où résonne la mélodie encore incertaine du chant des lendemains. Ensemble, ils nous ressemblent, dans leurs élans avortés, leur soif d’exister, leur peur de vivre. Dans ces conditions, de quoi pourraient-ils hériter... ? Et que pourraient-ils encore transmettre ? C’est une question qui nous est posée à tous.


Une symphonie déconcertante pour un nouveau monde
A la manière d’une fable, Une maison en Normandie raconte ce «creux de l’Histoire» dans lequel nous nous trouvons. Elle trace les contours de ce monde incertain qui se profile dans l’ombre de celui qui a déjà disparu et dans lequel nous continuons pourtant de vouloir vivre.
Face aux anciens modèles politiques émoussés, aux utopies sociales dont les échos résonnent encore comme des invocations, l’individu comme le corps social pressent qu’il ne maîtrise plus grand chose, qu’il n’a plus la main.
Au travers de leurs identités respectives, les personnages devinent sourdement qu’il est vain de se projeter dans un monde qui ne parvient plus à se penser lui-même. Un monde gestionnaire qui «expédie les affaires courantes».
Désemparés, ils sont collés à un présent qui a fini par absorber les autres dimensions temporelles. Leur langage, autrefois moteur des échanges culturels, affectifs ou sociaux, a déserté peu à peu le champ du réel, du désir, pour se cantonner le plus souvent à des formules « réflexes » et incantatoires.


Pourtant, Une maison en Normandie ne se veut pas un hymne au catastrophisme résigné ambiant, ni une apologie du « c’était mieux avant ! » Bien au contraire, ces figures tragi-comiques en quête d’autres possibles, portent en elles (et quelquefois malgré elles) l’espoir d’un renouveau et la résurgence d’un imaginaire individuel et collectif. Le XXIème siècle verra probablement se développer une multiplicité de singularités, mais aussi la coexistence d’une multiplicité de mondes possibles ouverts à des échappées belles inattendues.
Cela implique sans doute une autre façon de faire de la politique, de l’économie, d’autres façons de dire le monde… une autre approche de la vie.


Entre le cinéma, le théâtre et … la vie.
Faisant suite à Grande Vacance, Petits voyages… et Chantier Public, pour ne citer que ses derniers textes, la dernière création de Joël Dragutin entend explorer de nouvelles pistes dramaturgiques plus en résonance avec le monde d’aujourd’hui.


Une maison en Normandie puise surtout son inspiration dans l’univers de l’image, du cinéma. L’écriture est à prendre ici au sens le plus large, comme organisation, tissage de divers matériaux signifiants dans l’espace théâtral, où le texte ne constituera pas l’élément omni-présent de référence. Car nous avons peut-être besoin de nouveaux langages pour pouvoir dire les révoltes, les douleurs et les rêves d’aujourd’hui. L’espace défini par la scénographie est traité comme un plateau de tournage, tandis que l’écriture visuelle et textuelle s’inspire de celle d’un scénario.
Quant au rythme de l’action dramatique, lent, syncopé ou accéléré, il a quelque chose à voir avec celui du montage : à travers lui, se raconte notre rapport de plus en plus complexe au temps et sa perpétuelle évolution (zapping, juxtaposition, simultanéité, plans de coupe, flashbacks….) Depuis son siège, le spectateur devrait pouvoir s’imaginer qu’il assiste à la projection d’un film transposé sur scène : une approche qui se veut peutêtre plus en accord avec les représentations de la réalité et de la vie que ne le serait une transposition théâtrale plus classique.

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