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Übung

+ d'infos sur le texte de Josse De Pauw
mise en scène Josse De Pauw

: A propos de la pièce

“Je me sentais incapable d’écrire un texte en phase avec l’enfance ou l’adolescence. Mais l’idée fait son chemin. Pourquoi ne pas court-circuiter l’univers des adultes par le regard des plus jeunes sur lui ?” s’interroge Josse De Pauw. La pièce s’écrit. Elle devient scénario puis film en noir et blanc : le “modèle”. Dans une luxueuse villa de campagne, Robert et Rolanda, éteints et crispés, attendent leurs amis, Ria et Ivo. Au premier coup de klaxon, le “spectacle” commence. Effusion, embrassades et gaieté forcée. Un dîner arrosé, deux couples qui battent de l'aile, un ami célibataire, poète du dimanche, et le violoniste de l’est, blanchi à domicile, comme présence exotique et romantique. Mondanités, plans de coupe sur propriétés (GSM, Jaguar, collection d’art, piscine, sauna, télé et chaîne hi-fi dernier cri, cuisine high tech), conversations tapageuses bientôt engluées par le flux d’alcool. Sur scène, le film est projeté devant six enfants. Ils ont douze, voire treize ans. Le son est coupé. Habillés exactement comme les six adultes de la fête, ils s’amusent à faire la bande-son du grand écran. Ils doublent, ils imitent. S’entraînent-ils ?
Et à quoi ? La pièce s’appelle üBUNG : exercice pratique… “L'idée n’est pas du tout qu’ils s’investissent dans les émotions des personnages. Tout au contraire ! Chacun doit être totalement synchro avec le mouvement des lèvres de l’adulte dont il est la copie miniature et avec le son de l’action. C’est toute une machine à gérer et ils s’y activent sacrément. Dès les premières répétitions, ils ont pris beaucoup de plaisir. Ils adorent imiter les grands. Pour moi, il est important que ressorte leur habileté : qu'ils soient dans le bon rythme, top synchro. Je ne les mets pas en scène : je dirige un concert. Eux, ils rappent les monologues et les dialogues, ils scandent leur “dub”. Je leur demande de bien savoir ce qu’ils font. Le casque et les moniteurs-repères leur laissent la liberté de se mouvoir comme ils l’entendent. Evidemment, on n’a pas choisi ni les plus timides, ni les plus discrets. Mais leurs “modèles” ne le sont pas non plus...”


Les “modèles” d’üBUNG galèrent dans le caviar sur l’air de “qu'est-ce qu’on s'amuse!” Ils ont tout ce qu’ils veulent sauf l’essentiel : l’affection, l’amour, la tendresse. “ J'ai expressément écrit des rôles assez archétypés car je savais que, dans le film, les acteurs oseraient les remplir avec leur “CV”, leurs nuances, leurs chavirements, leurs tumultes : ils sont incroyables. Bien sûr, les enfants ne pourront jamais lancer ces grands rires qu’ont les adultes en société, ni se laisser aller comme eux. C’est ça qui est “confrontant” et beau : les décalages.” De la pellicule noir et blanc ou de la scène en couleur, qui singera qui ?
“ Etaler ce qu'on possède et ce que l'on peut se payer, on veut que ça parle de nous à notre place. Mais, nous, quand on doit vraiment parler, ça ne va pas très bien.” Problème d’adolescents ou problème d'adultes ? “ Quand Rolanda craque devant la porte fermée de “son” violoniste-maison et pleure pour qu’il lui fasse un enfant en douceur, cela donne quoi dans la bouche de la petite Louise qui l’imite ?”
Ni jugement, ni critique ciblée dans cet üBUNG là ; une dédramatisation certes, mais qui pourra aussi par endroits effiler le drame, les petits drames ou la béance de vivre.

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