theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Trachées »

Trachées

+ d'infos sur le texte de Olivier Coyette
mise en scène Valéry Warnotte

: La pièce

I PRESENTATION DE LA PIECE


Trachées met en scène une femme et deux hommes.
Dans cette triangulation, nous retrouvons tous le pôles conflictuels potentiels du monde, la femme étant toujours au centre de ce que l’homme, sous son double profil de celui-qui-tente et de celui-qui-ne-tente-pas, entreprend. Les rapports entre eux sont de collision et de violence. Ils sont aussi à l’intime de ce que la douceur peut.
Pourquoi trois personnages ? Que font-ils ?
S’entre-dévorent-ils dans un enfer néo-sartrien de pacotille, ou esquissent-ils, plus sournoisement ou plus violemment, les mouvements sans cesse à réapprendre du « comment vivre ensemble » ?


Ce que le théâtre permet, c’est de montrer l’humain, la chair, le corps et les souffles. L’humain en train de souffrir ou de jouir, en lutte avec le monde, en proie à tous les doutes, à toutes les erreurs, à tous les naufrages. Le théâtre est toujours, peu ou prou, un éloge de la fragilité.


II NOTES SUR LA DRAMATURGIE


Trachées montre trois personnages enfermés sur eux-mêmes, qui ne sont jamais sur la même longueur d’onde mais qui s’organisent et trouvent leur équilibre dans des rapports de pouvoir, de soumission et de domination permanents.
L’absence d’égalité entre des êtres dans un lieu où chacun prend à son tour le pouvoir sur l’autre, sur les autres.


S’ils restent ensemble, c’est parce que la domination et la soumission circulent. D’où l’importance du jeu comme possibilité permanente de redistribution du pouvoir. De la frustration vers la jouissance…


Il faut montrer qu’ils sont loin dans cette complexité, qu’ils sont imprégnés de ce rapport au pouvoir. Le Public fera irruption dans cet univers : il y a un avant, un après, un ailleurs… Nous assistons ici à un segment ; il faut tenir compte que cela dure, et que ce rapport est l’élément constitutif de leur apparente union.
Personne ne leur a jamais dit : « je pense comme toi ».
Emprisonnés dans cette solitude, ils ignorent même l’instant du partage.
Le désordre crée l’ordre.
Et montrer qu’il n’y a qu’à continuer ; que de toutes façons, cela continuera…



Il faut montrer que l’on peut vivre avec le pire, qu’il est en nous et qu’il est potentiellement toujours à venir. Montrer qu’on dirait que ça ne change rien…



C’est une pièce de moments.


Il faut songer aux occasions manquées, aux occasions perdues, qui ne repasseront pas mais que l’on ne saisit pas par incapacité à dire.


Considérer le texte comme un matériau, comme un dessin sans couleurs.
Ensuite, imaginer ensemble, avec l’équipe, comment traiter les choses.
Définir un espace, en commun avec la scénographie, et proposer une situation aux acteurs. La situation qui entraînera la proposition. Construire à partir de là et provoquer le Théâtre.


Montrer les couloirs par où l’air passe.
Montrer qu’une chanson vaut bien un dialogue…
Nous vivons de clichés, ils sont en nous, nous les avons intégrés.
Penser parfois, souvent, aux enfants américains dont les visages expriment les cinq ou six grimaces récurrentes vues dans les feuilletions télévisés.
N’avoir que ça pour s’exprimer…


Rendre les personnages mystérieux, faussement simples et parfois vraiment bêtes.
Dénoncer la bêtise avilissante, qui nous menace tous et chaque jour un peu plus.


Charger cette bêtise d’humanité pardonnable.


IV NOTES SUR LA MISE EN SCENE


D’une façon générale, j’aime partir du principe que nous sommes au Théâtre, et pas ailleurs. Cela signifie que je suis plutôt pour un travail qui assume le principe de la convention théâtrale, à l’intérieur duquel les situations sont poussées à leur paroxysme, en privilégiant l’émergence de la parole poétique.
Mon travail s’articule autour de l’acteur, à la frontière du tragi-comique, dans une atmosphère matinée d’esprit baroque et grotesque, pour s’opposer à la confusion entre le réel et la représentation…
Toujours traiter des rapports entre le monde réel et le monde imaginaire.
Nous partirons du principe que nous sommes à l’intérieur d’eux-mêmes, dans cette situation oppressante
Imaginer au Théâtre un lieu où l’on créerait de l’humanité.



Le texte s’organise autour d’un chœur situé à l’intérieur d’un double huis-clos.
Une asphyxie générale, l’espace Néant, englobe un autre espace, l’Intime, où les personnages s’étouffent dans des rapports de pouvoir. Un troisième espace, le Chœur, est dissimulé à l’intérieur des deux premiers : c’est l’espace unique, celui de la parole solidaire.



V NOTES SUR LA SCENOGRAPHIE


La scénographie s’attache à représenter ces trois espaces au moyen d’un mur constitué par une frise imposante accrochée aux cintres pour la partie haute, et par trois éléments mobiles pour la partie basse. De chaque côté du mur, deux piliers fixes rappellent le Manteau d’Arlequin, en haut duquel les acteurs peuvent apparaître.


La frise divise le champ visuel en deux parties égales pour exprimer le climat d’oppression dans lequel se déroule l’action.


Les trois éléments mobiles sont constitués de portes et cloisonnent l’espace afin de créer un lien entre l’avant scène où se trouve le proscenium, le lieu de l’intime, et le fond de scène où une hélice posée sur un axe est actionnée par un vélo. Une hélice pour exprimer le besoin d’air et le cycle dans lequel les personnages sont prisonniers.


Tous ces éléments sont réalisés par des panneaux en bois striés de façon régulière mais non uniforme, laissant passer la lumière afin de donner l’impression d’une ouverture possible.



VI NOTES SUR LA MUSIQUE


La musique participe du même mouvement cyclique. Elle est composée essentiellement de bois et de cuivres. On peut distinguer trois parties majeures.


De très basse vibrations accompagnent un prologue épique à consonance tragique qui se résume par une accumulation de strates, donnant une sensation de respiration.
Une instrumentation plus proche du jazz accompagne l’espace intime selon trois thèmes qui évoluent, laissant chaque fois la place à un solo. Cette musique est écrite dans une idée d’introspection.


Enfin la composition musicale des chansons et de deux morceaux à résonance ludique liés au récit.

Valéry Warnotte

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.