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Tous ceux qui tombent

+ d'infos sur le texte de Samuel Beckett
mise en scène Jacques Nichet

: Beckett à portée d’oreille

Je souhaite de tout coeur pouvoir participer avec vous à une expérience hors norme : redonner vie au « chef-d’oeuvre inconnu » de S. Beckett Tous ceux qui tombent non pas sur une scène, l'auteur l'a expressément interdit, mais à l'intérieur d'un espace sonore théâtral où circuleraient des voix fantômes. Le public serait bel et bien averti, il viendrait entendre une pièce et non la voir. On introduirait les auditeurs dans le noir. On les inviterait à mettre un masque sur les yeux comme pour un long voyage. Vers un pays imaginaire, vers une Irlande perdue que Beckett retrouve en renouant son écriture à une langue anglaise abandonnée depuis longtemps… Nous donnerons l'oeuvre dans la traduction de Robert Pinget, réalisée avec l'assentiment de l'auteur.


Nous invitons chaque auditeur à suivre le cheminement de Madame Rooney se dirigeant vers la gare pour aller chercher son mari. Elle avance "à pas traînants" sans changer de place. Les paysages sonores, en se déplaçant dans le sens contraire, donnent l'illusion de l'avancée de la vieille femme. Située au milieu du public, sa route traverse toutes les têtes. Elle y croise "des gens épouvantables" qui lui barrent le passage, la retardent, l'entravent, la coincent. Son périple vire au cauchemar, un drôle de cauchemar dont on pourrait "rire bien tristement".


Arrivée non sans mal à la petite gare de Boghill, Madame Rooney s'inquiète de plus en plus pour les six minutes de retard du train, comme si le temps avait lui-même déraillé ! L'omnibus survient enfin, le quai se vide, la vieille femme s'affole, son mari n'est pas là ! Un grand temps de silence glaçant suspend le jeu ! Mais voici que le fantôme sort des cabinets : Dan, le mari aveugle, s'accroche à sa femme et le cauchemar reprend de plus belle tout au long du retour vers la maison.


Le temps se gâte autant que le caractère du vieil atrabilaire !
Le cheminement est ponctué de cris agressifs ou angoissants d'animaux, d'enfants, de femme battue. Madame Rooney questionne vivement son mari sur son inexplicable retard : il lui répond si longuement qu'il dissimule sa réponse sous un amas de mots ! Mais dans les dernières lignes du texte, le secret tombe : un gamin est passé sous les roues du convoi et l’on croit comprendre que Monsieur Rooney a par là réglé ses comptes avec l’Humanité. Ainsi s'achève ce conte cruel, nouvelle facette d'un même génie.


L'héritier de Beckett, son neveu, et Irène Lindon, directrice des éditions de Minuit, soutiennent notre proposition qui respecte le désir du poète de laisser à cette oeuvre sa forme radiophonique : une radio qui prend du relief à l'intérieur d'un espace théâtral. Des voix nues circulent dans le noir pour "être vues", fantômes réveillant nos fantômes.

Jacques Nichet

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