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Tourbillons

+ d'infos sur le texte de Olivier Cadiot
mise en scène Georges Aperghis

: Entretien avec Georges Aperghis

Comment est né ce projet ?


Georges Aperghis : Avec Olivier Cadiot, cela faisait longtemps qu’on envisageait de mettre sur pied un projet commun. Je lui ai demandé d’écrire des textes pour une voix de femme. C’est comme ça qu’il a écrit ces prières d’insérer qui impliquent un développement progressif du comportement d’un personnage féminin. Une femme parle. Elle est seule, donc c’est un peu comme si elle se parlait à elle-même. Sauf qu’elle s’adresse aussi à d’autres personnes qu’on ne voit pas. Des êtres qui n’existent pas. Elle est un peu folle. Par moments on la sent angoissée. En même temps elle donne des conseils. Elle explique comment il faut faire pour être heureux, par exemple. Il y a un côté comique. Il y a beaucoup de vérité dans les rapports qui se font entre elle, le texte et la caméra. Car elle est filmée en direct. Elle entre et sort du champ selon ses mouvements. Les images sont comme des miroirs, comme si elle voyait son propre reflet. C’est extraordinaire de voir son visage agrandi. Le texte et la musique changent quand on la voit ainsi en gros plan.


Quel a été le processus de création ? Les textes ont été écrits avant ou après la musique ?


G. A. : En fait, il s’agit d’une pièce musicale que j’ai écrite il y a une dizaine d’années. Donc la matière musicale existait mais pas comme dans le spectacle. J’ai découpé la partition de concert et j’en ai fait des timbres poste. C’est donc une nouvelle version retravaillée à partir des textes d’Olivier Cadiot. Le texte chanté n’a pas vraiment de sens. C’est surtout phonétique. Ce sont des facettes que l’on donne à voir. Olivier Cadiot définit les textes qu’il a écrits pour ce spectacle comme des « timbres postes ». Ce sont des fragments, auxquels correspondent différentes approches de la voix. En général dans mon travail, je commence toujours par une matière musicale qui par elle-même raconte déjà quelque chose. Et après il y a des confrontations avec d’autres personnes et cela finit par donner des objets un peu étranges, mais très vivants.


Vous composez beaucoup pour la voix à partir de phonèmes justement. Comme si vous ne vouliez pas qu’un sens trop déterminé surgisse. Comme s’il s’agissait d’une langue pas encore formée, dans un état larvaire en quelque sorte…


G. A. : Je travaille à partir et sur des phonèmes. Si on comprend quelque chose, je m’arrange toujours pour que ce soit une fausse piste. C’est là où on est assez proches avec Cadiot. On a ce même goût pour les jeux de langage. Quand on écrit une musique, elle ne dit pas quelque chose de précis. Mais dès qu’on prononce trois mots, cela a un sens. Donc comment faire pour que le langage musical ait un sens ? C’est une question qui ouvre sur beaucoup de possibilité et aussi de problèmes qu’il faut résoudre. Cette femme n’a pas de psychologie particulière. Elle n’est pas interprétée comme s’il s’agissait d’un personnage de théâtre. Elle ne bouge pratiquement pas. Elle est assise à une table dont la fonction est de permettre la projection de vidéos. Ce que je trouve intéressant, c’est que la musique ici fonctionne comme un gros plan par rapport au texte. Quand elle chante, on a l’impression de s’approcher d’elle. Après il y a la question du montage. Il faut décider si le texte va aller contre la musique ou sortir de la musique. C’est là que le jeu prend forme. J’aime bien aussi la possibilité de raconter quelque chose avec le corps. Qu’est-ce que la musique peut raconter d’aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’elle peut prendre et recracher ? Que peut-elle ? La musique peut s’allier. Mais, il faut faire attention aux alliés. Surtout si ce sont des textes. L’image aussi est prédatrice. Quand une image apparaît, on n’écoute plus la musique. Où va le regard ? Qu’est-ce qu’on va entendre. Ce sont autant de tensions, de conflits qui se profilent entre tous ces éléments.

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