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The Night Heron

+ d'infos sur le texte de Jez Butterworth traduit par Pierre Laville
mise en scène Emmanuel Meirieu

: Présentation

Résidence, Trilogie polar : épisode 1


Trois saisons, trois textes dramatiques anglo-saxons, contemporains, inédits ou méconnus, trois nouvelles traductions, trois rendez-vous avec la même équipe artistique : The Night Heron (Le Corbeau de nuit) est le premier volet d’un projet sur trois ans dans le Studio du Théâtre de la Croix-Rousse. Emmanuel Meirieu entre donc cette saison en résidence et va continuer d’explorer un répertoire insoupçonné, honorant ainsi totalement son esthétique. Butterworth, ce théâtre britannique aux mille facettes que le metteur en scène envisage “tour à tour simple, terrible, gracieux, pathétique, burlesque, mélancolique, profond, railleur, passionné”, est le premier de cette trilogie polar...Les paris sont ouverts pour l’année prochaine....




L'histoire


L’action se passe dans les Fens, une contrée mystérieuse à l’Est de l’Angleterre. Là, dans une cabane en bois au milieu des marécages, vivent Wwattmore et Griffin, deux amis inséparables qui tentent de survivre grâce à l’allocation chômage. Griffin s’inscrit à un concours de poésie, espérant remporter un prix de 2000 livres. Mais ses poèmes sont calamiteux. Désespérés, les 2 amis prennent une colocataire : Bolla, une ex-détenue grosse et bourrue qui vient d’être libérée de prison. Pour les aider, Bolla décide de kidnapper un étudiant en première année de littérature lors d’une rencontre organisée par la société de poésie de Cambridge. Séquestré dans la cabane en bois au fond du marais, il sera obliger d’écrire le poème qui leur permettra, peut-être, de remporter le premier prix.




Anti-héros


En avril 2004, je créais Mojo la première pièce de théâtre écrite par l’anglais Jez Butterworth. Et je découvrais en lui l’auteur de théâtre que j’avais tant cherché, celui dont les personnages me ressemblaient enfin, à moi et à mes comédiens qui sont aussi mes amis depuis 5 ans : 6 petits voyous inséparables du cockney londonien. Nous sommes de la génération Scorsese : pour nous, le plus grand rôle du répertoire, c’est indéniablement le parrain Don Vitto Corleone. Et nous avons toujours rêvé de jouer Les Affranchis. Par le passé, j’avais bien essayé de mettre en scène Electre, Médée et Othello. Je sais que ces grands textes sont réputés universels, éternels. C’est sans doute vrai, mais nous étions quand même un peu ridicules, jeunes français de 25 ans à peine, dans ces habits d’empereurs grecs et de généraux anglais qui s’expriment en vers, parlent par métaphore et lorsqu’ils jurent, au comble de la vulgarité, s’exclament : « Parbleu ! ».


Ces acteurs que j’ai réunis ne ressemblent pas tellement à des acteurs. Si vous les croisiez dans la rue, vous ne vous retourneriez même pas sur leur passage. Sur les scènes de théâtre ou les écrans de cinéma (français), les gens que je vois, qui sont censé être cordonnier, ou médecin, fermier ou policier, ont plutôt l’air de sortir frais émoulus d’une agence parisienne de mannequinat, ou d’une école nationale de théâtre. Conséquence : je n’arrive pas à y croire et je sais que je ne leur ressemble pas. C’est pour ses distributions que j’aimais beaucoup les premiers spectacles de Jérôme Deschamps. C’est aussi pour cela que j’apprécie tant des acteurs américains comme Dustin Hoffman ou Mickael Madsen. J’espère que mes acteurs ressemblent à mes spectateurs.
Ils seront à mes côtés au mois de décembre 2005, lorsque je mettrai en scène The night Heron, la deuxième pièce de Jez Butterworth, dans le studio du Théâtre de la Croix-Rousse. 82 places, 10 mètres de large pour 5 mètres à peine de profondeur et le dernier spectateur à 4 mètres des acteurs. C’est comme regarder un match de boxe le nez dans les cordes: émotions fortes garanties. Et il n’y a que des meilleurs places. Je crois que je ne sais pas faire du théâtre dans un théâtre. Bêtement, j’ai pris Grotowski au mot : « On doit se demander ce qui est indispensable pour le théâtre ». Pour disputer un match de football, vous n’avez besoin que d’un terrain vague, 4 maillots de corps qui figureront les cages et 1 ballon rond (la qualité du match n’en pâtira absolument pas). Je suis sûr que le théâtre pourrait être aussi simple.


J’aime les anti-héros désespérés des polars noirs et les lozers du cinéma burlesque comme Charlot ou Buster Keaton. Les personnages de The night Heron sont des paumés et des ratés, « les fausses couches de Dieu » pour reprendre la terrifiante expression de Mishima. Les super-héros tragiques comme le Cid ou Agamemnon me donnent des complexes. Leur souci quotidien c’est : l’honneur de leur nom ou le destin de leur patrie ; et leur frigo n’est jamais vide. Mes personnages connaissent des fins de mois difficiles : j’aime cette scène où l’on voit nos deux héros Wattmore et Griffin, la faim au ventre, manger des tartines de dentifrice au petit-déjeuner. La philosophe Simone Weil écrivait : «Nulle poésie concernant le peuple n’est authentique si la fatigue n’y est pas, et la faim et la soif issues de la fatigue». C’est beaucoup plus qu’une « belle phrase » : c’est une règle de mise en scène. Elle trouvera des applications très concrètes.


Emmanuel Meirieu - Le mot du metteur en scène
(note de mise scène complète sur le site de la compagnie www.blocoperatoire.net)

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