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Sweet Home

mise en scène Jean-Pierre Garnier

: Noirceur de fond, beauté de ton

Trois étés à dix ans d’intervalle. Et la même plage, au bord de la Manche à Bénerville. Trois étés où se joue le destin d’une famille.
Trois enfants vont assister à une tout autre érosion que celle suscitée par les marées, dans la demeure familiale qui accueille les siens, comme chaque année. Leur mère, Susan, s’enfonce chaque jour un peu plus dans la dépression, ne sortant de sa chambre que pour s’occuper de Martin, le petit dernier, ou pour rôder sur le chemin de sable, au bord de la falaise. Susan n’offre plus à ses enfants que le regard vide de ceux qui ont déjà quitté la vie. Alors fatalement arrive le jour où elle va les abandonner, sauter le pas sans qu’aucun y prenne garde.
Trois enfants – Lily, Vincent et Martin – vont successivement prendre la parole, accompagnés par Nathan, l’ami de toujours. Scrutant les silences dont ils ont hérité, ils vont tenter de dénouer les fils d’une vérité trop longtemps confisquée. Des années pour s’affranchir de la brassée de néant, des années pour se reconstruire et recomposer une famille : le roman d’Arnaud Cathrine s’interroge et nous interroge sur «ce qui reste entre les vivants » quand la mère a disparu.


Le thème de la famille est au centre de cette oeuvre ; aussi bien celle dont on hérite que celle que l’on se construit. Les personnages d’Arnaud Cathrine sont confrontés au difficile mais miraculeux travail de la mémoire qui conduit chacun d’entre eux à devenir, successivement, le metteur en scène de leur roman familial. Leurs voix tissent un long fil invisible, celui de l’indicible, ce qui n’a pu être dit pendant des années aux gens que l’on aime ou que l’on est censé aimer. Tour à tour ils vont dévider l’écheveau de leurs contradictions et secrets : non-dits et mal dit. Ne va plus compter, alors, que la nécessité de parler, d’avouer, de blesser, d’aimer et de tuer. L’écriture devient ici un exorcisme, une façon de lutter contre l’absence et l’oubli. Écrire, c’est représenter.
C’est à un théâtre de chambre que nous sommes conviés et plus l’écriture se fait intime, singulière, plus elle devient universelle. Chaque personnage s’adressant au public dans « les plis du drap », le spectateur devient le dépositaire de tous ces secrets et prend une part active dans cette traversée de l’aveu.

Jean-Pierre Garnier

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