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Sur l'oubli

+ d'infos sur le texte de Julien Marcland
mise en scène Julien Marcland

: Présentation

La pièce est une rencontre entre un texte dramatique (le monologue d’une femme seule), un travail plastique et scénographique (la vidéo faite par l’artiste André Avril sur Le camp de Royallieu), et une composition sonore (un ensemble de voix et de sons multiples mixées et spatialisées).

Elle raconte l’histoire d’une solitude peuplée de voix et de souvenirs, d’une femme qui tente de se réapproprier une existence devenue étrangère et se trouve confrontée à l’amnésie.


« Sur l’Oubli » est donc une pièce de théâtre, mais aussi un dispositif original. Notre propos consiste à créer, au sein d’une dramaturgie précise, l’adresse à un double hypothétique de cette femme seule dans une chambre obscure, un espace sensible qui convoque le corps et la pensée du spectateur.


En ce sens, la question de l’oubli commence pour nous dès que le noir se fait dans la salle, par le murmure des conversations et, enfin, la venue du silence. L’oubli c’est d’abord cette zone autour du regard : être au monde sans retrait possible et sans savoir pourquoi. Nous approchons et entrons intuitivement, sensiblement, dans le fonctionnement de l’envers de la mémoire humaine, celui de l’oubli qui accompagne inéluctablement chaque nouvelle génération, en exhumant des témoignages inédits et en les transposant poétiquement.
Qui est cette femme ? que sont ces voix pour elle ? Qui est celui qui regarde ou entend ? Quel est le lien entre mon regard, et ce regard revenu du passé, le témoignage de mon existence et tel autre ? Comment puis-je m’approprier l’histoire d’un autre sans le devenir alors ?
A travers cette femme, nous convoquons dans cette chambre vide plusieurs mémoires.


Il y a tout d’abord les carnets de Laure Planson Marcland récoltés et enregistrés où cette femme note tous les jours ce qu’elle fait de 1935 à 1998. Ce sont des notes factuelles, rendez-vous, activités diverses, comme des météos sentimentales.
Puis une collecte de témoignages divers trouvés ici et là : des personnes faisant des recherches généalogiques sur internet afin de combler les lacunes ou manques de leur histoire, aussi des interviews de plusieurs personnes (comédiens entre autres) sur leurs oublis quotidiens.


Chaque témoignage réel daté a une force émotionnelle en tant qu’il reflète un moment précis d’une histoire aujourd’hui disparue.
Le témoignage irréductible d’une présence dans l’Histoire, la trace d’un regard, d’espaces et de voix.
Ainsi deux « journées ensoleillées » séparées dans le temps et l’espace, vécues par des êtres distincts, peuvent se répondre et correspondre.


Le témoignage des personnes sur leurs oublis fait aussi apparaître, de façon parfois drôle et émouvante, leur « part manquante », la dimension « ek-sistentielle » de leur être pour parler avec Heidegger.


« Sur l’oubli » révèle aussi la dimension plurielle de la mémoire.
Il y a les souvenirs de la personne, mais il y a aussi son héritage généalogique, génétique, culturel, ainsi que ses références intimes, ses affinités électives, comme autant de piliers de l’édifice essentiellement projectif et cannibale de son moi ; moi éclaté, fragmenté en plusieurs voix et en plusieurs mémoires successivement appropriées. C’est aussi ce que montre le dispositif sonore et plastique : une chambre unique, à la transformation imperceptible, où une femme est traversée (« possédée » pourrait-on presque dire) par de multiples voix et témoignages inexplicablement « siens », en même temps qu’étrangers.


C’est enfin un texte sur l’amour, à travers la présence de cette femme qui attend et s’adresse à quelqu’un. Là encore, la question de l’inconnu, du « temps et de l’Autre », de la sexualité, liées puisqu’elles invitent également les hommes et les femmes à d’impossibles retrouvailles.


Par le monologue, le lyrisme et la métaphysique adviennent là naturellement en contrepoint du témoignage réel. Il donne au spectacle son unité dramatique.


Mais l’oubli est d’abord cette écoute de la parole muette du corps.
Pareil à la lumière qui éblouit parfois la chambre, l’oubli est matériel et vivant ; c’est un « trou noir » qui absorbe en même temps qu’il révèle la présence réelle.


Et c’est la pénétration de cet espace sonore obscur du bruissement de nos consciences que nous voulons tenter avec le spectateur.

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