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Sur-Prise

+ d'infos sur le texte de Amine Adjina
mise en scène Amine Adjina

: Note d'intention

Un journaliste :
« Savez-vous que tout le monde rêve d’être Cary Grant ? »
Cary Grant : « Moi aussi ! »


Il ne s’agit pas d’un spectacle hommage à Marilyn Monroe.
Il ne s’agit pas d’un spectacle biographique.
Tout ici est réel ou inventé.


Marilyn Monroe est un concept. Il a été inventé, fabriqué, modelé par Norma Jean Baker pour rendre possible le rêve plutôt banal de devenir une star Hollywoodienne. La banalité réserve parfois ses surprises. Du statut de star, le concept Marilyn Monroe a atteint celui de mythe. Si comme nous le dit Barthes, le mythe est un langage : quel langage nous a laissé celle qui s’est éteinte à l’âge de 36 ans ? De toute évidence, la nature du langage de celle que l’on compare à un mythe moderne est composée d’images. En effet, il n’y a que peu d’interviews, peu de choses écrites par elle en comparaison avec le nombre de clichés que nous a laissé cette femme qui aimait tant se faire photographier. La photo agissant parfois comme un remède thérapeutique. Ces milliers de photos constituent autant de vocables pour découvrir un langage nous permettant de nous approcher du mythe.


L’importance du mythe réside dans sa capacité à nous fasciner sans relâche, à produire du questionnement au fil du temps. C’est pourquoi, il m’est apparu nécessaire de réinterroger ce mythe moderne sous un angle spécifique : celui de l’acteur. Acteur, non point seulement comme état d’être mais comme quête identitaire. Trouver son identité d’acteur.
En marchant dans les pas de Marilyn Monroe, l’actrice interroge sa propre identité face au monde, afin de provoquer la même interrogation dans le public. Pour cela, j’ai choisi un ressort frontal dans l’écriture ainsi que dans le travail au plateau.


Marilyn Monroe est un concept. C’est pourquoi je n’ai pas choisi de travailler sur la ressemblance physique avec la vraie. Ce n’est pas cela qui m’intéresse mais plutôt comment l’idée de concept s’universalise pour permettre à chacun de s’en emparer. Dans le texte, il est écrit :


"Il suffit de le dire
Je suis Marilyn Monroe"


Cette formule n’est pas seulement un idiome imaginatif mais plus encore l’affirmation d’un choix, d’un désir d’être.
Toutes ces fausses blondes dans nos sociétés ne font-elles pas un choix quant à la question du regard ?
Regard de soi sur soi. Regard de l’autre sur soi et tout ce que cela implique de projection.


Dans son poème écrit après la mort de Marilyn, Pasolini pose cette question :
« Est-ce possible que Marilyn, la petite Marilyn nous ait montré la route ? »
Il est ici question du chemin laissé par celle qui bouscula les frontières :
- de la nudité au cinéma
- entre l’actrice objet et l’actrice intellectuelle
- entre la femme au foyer et la femme indépendante comme vision moderne
- entre l’actrice manipulée et sous-payée et la femme d’affaires
- entre la star hollywoodienne et l’élève de l’Actor’s Studio à New York
Etc.


Par le désir d'être aimé, Marilyn témoigne ici que c'est par l'exposition que l'acteur peut se trouver et prétendre à cette part d'amour de l'autre.
C'est dans la capacité à s'exposer devant l'autre que quelque chose de l'humain s'entrevoit.
L'acteur (pour ne pas dire l'homme) est pleinement confronté à cette problématique.
Le désir d'être autre est un moyen d'y arriver.
Le Je suis Marilyn est un moyen pour l'atteindre…

Amine Adjina

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