Au divorce de leurs parents, la fratrie a été séparée. L’aînée, Sandrine, est allée vivre avec sa mère alors que Stéphanie est partie habiter avec son père. Bien que les juges avaient prévu que la fratrie soit réunie un week-end sur deux, le ressentiment et la souffrance de la mère envers son ex-mari, ne l’a pas permis et les deux soeurs se sont construites séparément.

Stéphanie grandit auprès d’un père volage multipliant les conquêtes, jeunes et belles. Elle cherche à attirer son attention en tentant de leur ressembler. Sa blessure narcissique se forme lorsque son père, après l’avoir placée en pension, l’abandonne, à cause d’une nouvelle conquête plus exclusive que les précédentes, qui lui demande de choisir entre sa fille et elle. Elle retrouve alors sa mère et sa soeur Sandrine.

Pendant ces années où Stéphanie cherchait à séduire son père, Sandrine, elle, vivait en ermite avec sa mère dépressive, s’occupant d’elle, et se faisant toujours la plus petite et la plus discrète possible pour ne pas déranger.

Lorsque Sandrine et Stéphanie se sont retrouvées, la fusion était évidente. Sandrine admirant l’image de Stéphanie (celle qu’elle aurait pu être), elle se construit en faux-self pour être le double de cette petite soeur pleine de vie. Stéphanie trouve elle, dans le regard de Sandrine, l’admiration dont elle a besoin pour panser sa blessure narcissique. Le Miroir est au coeur de sa problématique, il est fondamental, car sans la présence de Sandrine, Stéphanie n’est pas capable de se sentir et de s’éprouver elle-même.

La pièce démarre à l’instant ou Sandrine s’apprête à briser cet équilibre fragile et malsain. Elle cherche à se retrouver, à comprendre qui elle est et grâce à l’intervention de deux tiers (un homme croisé par hasard qui lui ouvre des perspectives et son chat qui lui sert de confident) elle décide de passer à l’acte et de se séparer de sa soeur qui est un obstacle à sa construction.

Bien que sa soeur paraisse forte, Sandrine sent inconsciemment sa fragilité et sa dépendance et c’est la raison pour laquelle elle appréhende énormément ce moment où elle doit lui révéler qu’elle souhaite prendre ses distances et notamment changer de métier (ne plus faire le même) et déménager. Le face à face plonge Stéphanie dans une rage narcissique qui l’amènera à tuer sa soeur pour ne pas la laisser partir.

Le fait que les deux soeurs soient des comédiennes, renforce l’importance de l’image et leur problématique narcissique. Cela met également en exergue le rôle fondamental du miroir dans leur construction. Des parallèles à Antigone, à Alice aux pays des merveilles et d’autres contes, sont aussi l’occasion de parler de la fratrie, de la famille, de l’enfance, du miroir...